Revue de presse : à quoi ressemblerait une société sans vieux ?

Les vieux, c’est comme les abeilles. On ne leur prête guère d’attention, sauf quand ils nous importunent – en faisant leurs courses aux heures de pointe, par exemple.

Pourtant, ils sont tout aussi indispensables que les abeilles, démontre Hermine Chaumoulot.

Marchés abandonnés, associations en manque de bénévoles, parents qui peinent à faire garder leurs enfants, mairies qui ferment…

Un tableau bien noir qui s’appuie sur des chiffres bien réels, cités à la fin du texte.

Et au-delà de cette qualité de vie, de cette cohésion sociale à la peine, c’est tout le moral des Français qui est en berne. « Par ailleurs, les instituts de sondage tirent la sonnette d’alarme : la confiance des jeunes dans l’avenir est au plus bas. Coïncidence ? Les retraités en bonne santé ont emporté avec eux l’horizon d’une fin de vie heureuse. »

En 2015, l’anthropologue Bernadette Puijalon le rappelait déjà : « Le vieux montre l’avenir au jeune. Par sa seule présence, il montre que la vie est longue. L’intensité de l’être ne diminue pas avec l’âge. La hauteur de la flamme d’une bougie ne diminue pas quelle que soit la hauteur de la chandelle ».

Car en réalité, la question est plus large : que se passerait-il s’il n’y avait plus de retraités tout court, qu’ils soient en bonne ou en mauvaise santé ?

Des centaines de milliers de professionnels du soin et de l’accompagnement sur le carreau : près de 85 % des personnes qui ont recours aux 550 000 professionnels des services d’aide et/ou de soins à domicile sont des personnes âgées, et les établissements emploient environ 500 000 personnes (chiffres CNSA 2021).

Des établissements qui ferment, mais aussi des entreprises : la Silver Economie n’aurait plus lieu d’être. Sans oublier les milliers de jeunes qui auraient du mal à se loger, faute de pouvoir recourir à la cohabitation intergénérationnelle solidaire.

Mais surtout, tout un pan de notre mémoire collective qui s’envole, des savoir-faire qui disparaissent, des liens de solidarité, de fraternité qui s'estompent. Et une question essentielle qui se perd, celle du sens de la vie.