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Vieillir en bonne santé
Bien vieillir (prendre soin de soi)
“Tout ce que l’on vit après 80 ans c’est du bonus : est-ce qu’aujourd’hui on peut encore s’autoriser du bonus ? Je n’en suis pas certain”, ces propos tenus par un chef de service d’un hôpital parisien sont loin d’être isolés. A la télévision, à la radio, sur les réseaux sociaux, depuis quelques semaines, l’âgisme semble se décomplexer dans notre société. Comment agir face à ces discriminations ? Éléments de réponse de la députée Audrey Dufeu-Schubert et le professeur en psychologie Stéphane Adam.
“Depuis septembre et le second confinement, on voit se déchaîner les propos âgistes. La société de 1920 était aussi sexiste que la société de 2020 peut être âgiste” alerte Pascal Champvert, à l’occasion d’une conférence de presse organisée par l’Association des Directeurs au service des Personnes Agées (AD-PA).
“L'âgisme est la seule discrimination qui n’est pas repérée” poursuit le directeur d’Ehpad et président de l’AD-PA.
Pourtant, au même titre que les discriminations liées aux origines ou au handicap, l’âgisme peut avoir des conséquences sur l’estime de soi, sur la confiance en soi souligne Stéphane Adam, professeur en psychologie.
"La crise a mis en lumière des choses que l’on refusait de voir avant et a créé une dualité entre ceux qui acceptaient leur propre vieillissement et ceux qui refusaient d’y penser” souligne la députée Audrey Dufeu-Schubert, autrice d’un rapport pour lutter contre l’âgisme, remis en décembre 2019 au gouvernement.
“On cherche à déshumaniser la personne âgée pour éviter de s’identifier. C’est une forme de déni” poursuit la députée de Loire-Atlantique.
Face à l’âgisme ainsi qu’à toutes les autres formes de discrimination, la Défenseure des droits, Claire Hédon, a récemment lancé la plateforme Antidiscriminations.fr et le numéro 39 28.
Ce site comme ce numéro de téléphone ont vocation à améliorer le signalement et la prise en charge des discriminations, quel qu’en soit le motif.
Une façon simple, si vous êtes témoin de propos âgistes, d’interpeller le Défenseur des droits et ainsi participer à la lutte contre tous types de discriminations.
Selon le professeur en psychologie Stéphane Adam, il existe deux formes d’âgisme. Un âgisme hostile qui consiste à opposer les générations et un âgisme bienveillant, plus pernicieux, qui part d’une volonté protectrice mais produit pourtant des effets délétères auprès des personnes âgées.
Le psychologue précise que l’âge ressenti a plus de conséquence sur le plan physique et psychologique que l’âge réel : “plus on aide, plus on a un comportement paternaliste, plus on développe la dépendance”.
“Plus on parle "petit vieux" à une personne, plus elle demande de répéter, ce qui peut développer à termes des troubles du langage. Il faut parler normalement avec tous et s’adapter si besoin” poursuit Stéphane Adam qui appelle à mettre fin aux stéréotypes, à cesser de systématiquement considérer une personne âgée comme une personne malade, fragile et rappelle que, contrairement aux idées reçues “le bonheur augmente avec l’âge”.
Selon le psychologue, la crise n’est pas responsable de cet âgisme, “elle a juste amplifié une situation existante” et préconise de ne “plus être focalisé sur les incapacités des personnes âgées mais de voir plutôt l’ensemble de leurs capacités”.
Mon mari et moi avons respectivement 88 et 84 ans. Nous venons de vendre notre maison pour un appartement avec jardin. Ainsi, nous quittons Toulouse où nous avons vécu pendant 20 ans, pour Strasbourg, la ville qui nous a vus naître, motivés par le désir d'y vivre nos dernières années. Quelques règles de vie lorsqu'on "prend de l'âge" : garder le contact avec les générations qui nous suivent, ne rien changer à sa vie (autant que possible), préparer très tôt une vieillesse en bonne santé, dès le plus jeune âge, toujours bouger et manger sain, s'occuper des autres et faire des projets. Et puis, ne pas perdre de vue ce qui se passe dans le monde. Nicole