Comprendre les fragilités
Conduite et Alzheimer : pour les sociétés savantes, une évaluation personnalisée s'impose
Le sujet revient régulièrement sur le tapis : y’a-t-il un âge limite pour conduire ? Et plus généralement, comment évaluer l’aptitude à la conduite ? Suite à la parution en avril 2022 d’un arrêté fixant les règles en matière de conduite pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée, des sociétés savantes livrent leurs recommandations.
Déposée fin juillet par le député Modem Bruno Millienne, une nouvelle proposition de loi vise à mettre en place une visite médicale de contrôle à la conduite pour les conducteurs de soixante-quinze ans et plus.
Citant le cas de Pauline Déroulède, amputée de la jambe gauche après avoir été fauchée par un nonagénaire qui a perdu le contrôle de son véhicule en 2018, le député fait valoir qu’il « peut arriver que certains conducteurs séniors continuent de conduire malgré des capacités manifestement affaiblies, mettant ainsi en danger leur propre personne tout comme les autres usagers de la route ».
Une proposition qui va cependant à l’encontre des positions de la Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG).
« L’âge en soi n’est pas une contre-indication à la conduite. Le sujet âgé adapte très habituellement l’usage de la voiture et son comportement routier en fonction des difficultés qu’il pourrait rencontrer et afin de limiter les risques sur l’usage de la route : conduite en journée, sur des parcours plus courts, et plus rassurants, et surtout des parcours connus », expliquaient ainsi en janvier le professeur Sylvie Bonin-Guillaume, gériatre à l'APHP, Sylviane Lafont, directrice de recherche en épidémiologie, et docteur Philippe Lauwick, médecin agréé et président de l'Automobile Club Médical de France.
Suite à la parution en avril 2022 d’un arrêté fixant les règles en matière de conduite pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée, la SFGG vient par ailleurs de livrer ses recommandations.
En effet, les critères utilisés pour permettre ou non la conduite aux malades soulèvent de nombreuses interrogations, explique la société savante, qui a mené ce travail conjointement avec la Fédération des centres mémoire (FCM), l’Automobile club médical de France et le Collège de médecine générale.
Notamment parce que l’échelle utilisée, l’échelle de Reisberg, est un outil ancien – il date de 1982 -, et qu’il est de plus en plus difficile d’accéder rapidement à une consultation spécialisée.
Les sociétés savantes publient donc, à destination des médecins, généralistes et spécialistes, une méthodologie pour réaliser une évaluation personnalisée de l’aptitude à la conduite, afin d’estimer le plus finement possible les capacités de chacun.
Des recommandations qui comprennent aussi deux questionnaires, l’un pour le patient, l’autre pour son entourage. Ils visent à détecter les « signaux d’alerte » en matière de conduite.
Pour « un juste équilibre entre sécurité routière, respect du droit et maintien de l’autonomie de nos patients et leurs proches », plaide la SFGG.
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