Comprendre les fragilités
A quoi sert vraiment la journée de solidarité ?
Créée en réaction à la canicule meurtrière de 2003, la journée de solidarité, qui a lieu en général le lundi de Pentecôte, contribue normalement au financement du soutien à l’autonomie des personnes âgées et handicapées. Mais les milliards récoltés arrivent-ils réellement à destination ?
Le principe est simple : chaque année, les salariés du secteur privé et les fonctionnaires donnent une journée de travail au titre de la journée de solidarité. Le salaire correspondant à ce jour est versé par l’employeur à l’Etat sous la forme d’une contribution spécifique, la contribution solidarité autonomie (CSA),
Cette journée de travail supplémentaire est organisée selon des modalités définies avec l’employeur : elle peut avoir lieu un jour férié – traditionnellement le lundi de Pentecôte, prendre la forme d’une suppression d’un jour de RTT… Certains employeurs font le choix d’offrir cette journée à leurs salariés : ces derniers n’ont donc pas à travailler une journée supplémentaire, mais l’employeur devra tout de même s’acquitter de la CSA.
Une contribution qui a pour but « d'assurer le financement des actions en faveur de l'autonomie des personnes âgées ou handicapées », indique le code du travail (article L3133-7), et doit donc être versée à la CNSA, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, en charge de la branche Autonomie de la Sécurité sociale.
Les retraités sont, eux aussi, mis à contribution via la Casa, contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie qui représente 0,3% de leurs pensions de retraite et d’invalidité ou de leurs allocations de préretraite.
En 2023, la journée de solidarité a permis de récolter 3,2 milliards d’euros, soit 8,2 % du montant global des recettes affectées de la branche Autonomie.
Des recettes qui permettent de financer les établissements et services médico-sociaux qui accompagnent les personnes âgées et les personnes handicapées, de verser l’allocation personnalisée d’autonomie (Apa) et la prestation de compensation du handicap (PCH), de soutenir les aidants, de développer la prévention de la perte d’autonomie, de créer de nouvelles formes d’habitat pour les personnes âgées et les personnes handicapées (habitat inclusif)…
Sauf que selon l’AD-PA, l’association des directeurs au service des personnes âgées, une partie des sommes rapportées par la journée de solidarité depuis sa création ont été utilisées pour bien autre chose.
Dans une note publiée en 2021, l’association affirme que plus de 20 milliards ont été « détournés par l’Etat », au détriment des personnes âgées, « pour alimenter le budget de l'État ou de l'Assurance maladie ». L’AD-PA demande donc le remboursement de cette somme à la CNSA, ce qui permettrait d’améliorer les conditions de vie des âgés, de leurs familles et des professionnels.