Entre le domicile et l’Ehpad
L'accueil familial, une alternative à l’hébergement en établissement
Temps de lecture 7 min
0 commentairesL’accueil familial : une formule d’accueil par des particuliers à domicile, moyennant rémunération de personnes âgées de plus de 60 ans ou de personnes handicapées adultes (sans lien de parenté jusqu’au 4ème degré inclus).
L'accueil familial peut être temporaire (par exemple, en cas d'absence des proches), à temps partiel (par exemple, une semaine tous les mois) ou permanent.
Des chiffres en baisse aujourd'hui puisqu'en 2022, on ne comptait plus que 8 428 accueillants agréés.
A noter : l’accueil familial peut concerner des personnes souffrant de maladie mentale et dans ce cas, on parle d'accueil familial thérapeutique (AFT). Il est organisé par un établissement de santé et dans ce cas, l'accueillant familial en est salarié. Les chiffres ci-dessus ne les prennent pas en compte.
Une formule humaine et chaleureuse mais pour peu que les règles soient claires de part et d’autre
La loi du 10 juillet 1989 avait clairement dressé le cadre de l'accueil familial. Cela pour mettre fin à un certain nombre d'abus. Depuis lors, des modifications législatives et réglementaires sont intervenues pour permettre notamment d’adapter les conditions d’accueil à l’évolution des modes de vie, tant des personnes accueillies que des accueillants familiaux.
L’accueil familial est encadré par les articles L441-1 et suivants du Code de l’action sociale et des familles.
Quelles conditions pour devenir accueillant familial ?
Un particulier ou un couple s’engage à accueillir à son domicile, à titre onéreux, une personne âgée en lui assurant divers services dont l’hébergement et l’entretien. Pour être accueillant familial, il faut être agréé par le Conseil départemental. Cet agrément est donné pour cinq ans.
Un particulier ne peut accueillir qu'une ou deux personnes âgées. L'effectif peut être porté à trois, par dérogation du président du Conseil départemental.
Il doit :
- Mettre à la disposition de chaque personne accueillie une chambre d’au moins 9m²ou de 16m² pour un couple, comportant un poste d’eau potable à proximité immédiate et un moyen de chauffage.
- Permettre aux personnes accueillies d’accéder librement aux espaces communs (salon, salle à manger, salle de bains, etc…) et de participer à la vie quotidienne de la famille.
- Accepter les visites de contrôle et le suivi médico-social de la personne accueillie
- Passer un contrat écrit avec la personne accueillie ou son représentant légal, en informer immédiatement le Conseil Départemental et lui signaler tout changement de situation.
- N’accepter de la part de la personne accueillie ni don, ni testament.
- Assurer une présence permanente ou garantir son remplacement en cas d’absence momentanée. Les accueillants familiaux peuvent accompagner les personnes qui ont besoin d'aide dans les actes de la vie quotidienne (lever, coucher, toilette, etc.),
- Permettre à la personne hébergée de sortir et de continuer à avoir des activités et être en mesure de l'accompagner à l'extérieur.
D’une manière générale, les accueillants familiaux s'engagent à respecter la sécurité, le confort et le bien-être de la personne accueillie. L’organisation, le suivi et le contrôle des accueils familiaux est assuré par le conseil départemental.
Quelle contrepartie pour l’accueillant familial ?
Outre l’avantage d’une activité pouvant être exercée à domicile, l’accueillant jouit d’un certain nombre de droits, tels que :
- Recevoir une formation initiale et continue de la part du département.
- Percevoir une rémunération ouvrant droit à couverture sociale et profiter des prestations du régime général d’assurance maladie et du régime général de retraite de base et de retraite complémentaire.
Le contrat d’accueil familial : un contrat « de gré à gré »
Depuis 2005, le contrat d’accueil familial est un contrat de droit privé, librement négocié de "gré à gré" entre l’accueillant familial et la personne accueillie (ou son représentant légal).Ainsi, la signature de ce contrat résulte du choix de deux parties :
- la personne âgée ou handicapée adulte, qui choisit librement la famille qui lui convient et qui sera en mesure de la prendre en charge
- l’accueillant(e) familiale(e), libre d’accepter ou non de prendre en charge cette personne (dans les limites de ses places agréées et de leurs caractéristiques).
La personne agréée est employée par la personne accueillie ou par l’établissement responsable de son placement.
Ce contrat fixe la nature de l'accueil (tous les samedis, par exemple, ou à plein temps...), les services fournis ainsi que les locaux mis à disposition, la rémunération, les conditions particulières de modification, de suspension ou de dénonciation du contrat, la période d'essai, les indemnités qui pourraient être dues, les effets du défaut d'assurance...
La signature doit avoir lieu au plus tard le jour de l'arrivée de la personne accueillie.
Un exemplaire signé du contrat, ainsi que toute éventuelle modification ultérieure, est à adresser aux services du conseil départemental.
Le contrat peut être dénoncé sans motif tant par l’accueillant que par la personne accueillie.
La personne agréée pour l'accueil et la personne accueillie sont tenues de souscrire l'une et l'autre un contrat d'assurance couvrant les conséquences pécuniaires de leur responsabilité civile dans le cas de dommages subis par des tiers.
Un cas très rare et plus compliqué : l’accueil familial dit “salarié”
Le salariat des accueillants familiaux de personnes âgées n’a jamais pu réellement être mis en œuvre. Le nombre de jours de travail limité à 258 jours par an oblige l’employeur à organiser des remplacements. De plus, l’enchevêtrement des contrats entre employeur, accueillant salarié et accueilli, ainsi que la juxtaposition éventuelle des interventions et des responsabilités à répartir entre Conseil départemental et employeur, rendent trop complexe la mise en œuvre de ces dispositions.
Une rémunération encadrée par la loi
Le législateur a voulu encourager l'accueil mais aussi limiter les abus dont les personnes âgées ont pu être les victimes. Pour réduire le risque de spoliation, il a donc strictement encadré la rémunération de l'accueillant.Le prix de journée se compose d’une rémunération journalière des services rendus ainsi que d’une indemnité de congé et le cas échéant, d’une indemnité journalière pour sujétions particulières fixée au regard du degré d’autonomie de la personne accueillie. Il comprend également une indemnité d’entretien correspondant au remboursement des frais occasionnés pour l’accueil (alimentation, électricité, chauffage…), et d’un loyer pour la partie de l’habitation réservée à la personne accueillie.
La fourchette de rémunération varie en fonction de l’état de dépendance de la personne accueillie et de son handicap. Elle s’appuie sur un barème arrêté par le président du Conseil départemental.
Le salaire journalier d’un accueillant familial est fixé pour un accueil à temps complet, au minimum à 2,5 Smic horaire brut, soit à 29,12 € (au 1ᵉʳ mai 2024) auquel il faut ajouter les différentes indemnités (congés payés, entretien et logement…) composant le prix de journée. Ainsi, le coût moyen d’un accueil familial se situe entre 36 € et 56 € par jour, soit entre 1500 € et 1800 € par mois, duquel peuvent être déduites un certain nombre d'aides, pour un coût final autour de 1100 €.
Quelles formalités pour la personne accueillie ?
La personne accueillie ou son représentant légal, doit demander au conseil départemental la liste des accueillants familiaux agréés puis à l’Urssaf du lieu de résidence de l’accueillant familial choisi son affiliation en tant qu’ « employeur ».
A noter que le dispositif du chèque emploi service universel (CESU) déclaratif ne peut être utilisé.
La demande se fait par formulaire cerfa n°11469*03 dans les 8 jours suivant l'accueil. Ensuite, chaque trimestre, l’Urssaf adresse à la personne accueillie une déclaration nominative simplifiée (DNS) à compléter pour le calcul des cotisations.
Démarches facilitées avec l’aide d’un tiers régulateur
A la demande de la personne accueillie ou de son accueillant, une personne morale de droit public ou privé peut être désignée par le président du Conseil Départemental comme tiers régulateur pour faciliter leurs démarches et leurs relations. Les accueillants familiaux et les personnes accueillies sont informés de la mise en place de tiers régulateurs de l'accueil familial dans leur département et peuvent y recourir à l'initiative de l'une ou l'autre partie.
En cas de litige
La personne accueillie et l'accueillant familial doivent d'abord rechercher un accord amiable. Ils peuvent faire appel au tiers régulateur et en cas d'échec, ils doivent saisir le tribunal d'instance du lieu de résidence de l'accueillant familial.
Quelles perspectives ?
La Loi d’adaptation de la société au vieillissement avec son article 39 « Soutenir l’accueil familial » devait permettre le développement du dispositif d’accueil familial... mais les décrets d'application n'ont jamais été passés.
Plusieurs améliorations devaient intervenir concernant notamment les conditions d’exercice de l’accueillant familial afin de professionnaliser, valoriser et sécuriser l’accueil familial. De fait, depuis 2017, les accueillants doivent valider 52 heures de formation pour obtenir leur agrément.
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