Réflexions autour d'un goûter - Quelle attitude avec les patients déments ?
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La communication peut réduire de façon importante "l’épisode démentiel"
Dans le premier cas (celui que nous abordons aujourd’hui), la communication peut réduire de façon importante "l’épisode démentiel". Quel comportement doit-on avoir face à une démence réversible lorsque nous ne sommes pas formés dans le domaine psychiatrique ? Que peut-il advenir d’une personne atteinte de "démence sénile" en institution ? Le personnel soignant est souvent désarmé, l’animateur encore plus.Revenons à notre goûter et imaginons une résidente agitée, criant régulièrement, appelant ses enfants, insultant le personnel, refusant la toilette, la nourriture, la boisson. Ne va-t-elle pas se sentir agressée par des gestes ou des paroles qu’elle ne comprend pas, par des actions qu’elle n’a pas prévues, parce qu’elles n’entrent pas dans sa perception du temps ? A-t-elle vraiment tous les repères nécessaires pour comprendre ce que l’on veut d’elle ? Il faut faire boire cette personne parce qu’elle se déshydrate, mais comme elle est agitée, le médecin a prescrit des "gouttes", au moment de ce goûter, elle dort. Comment faire boire une personne qui dort ? On l’appelle, on la secoue, aucune réaction. On lui approche des lèvres une tasse de café au lait ; bien entendu, le liquide coule dans le cou de l’endormie. A force d'être secouée, notre endormie se réveille. Elle est affolée, ne sachant pas où elle est, se demandant ce qu’on lui veut : elle se met à crier. On lui dit qu’il faut boire, on la supplie, on la menace tour à tour, rien n’y fait. Une deuxième personne vient à la rescousse : notre résidente crie, insulte, frappe, crache. Pendant ce temps, les autres résidents commencent à être perturbés.
Que doit faire l’animateur dans une telle situation ?
Doit-il intervenir ? Nous pensons que oui. Son rôle est de veiller au bien être de chaque résident, au bon déroulement de la journée. Il doit chercher à donner des repères, de stabiliser la personne démente en lui donnant un centre d’intérêt, en utilisant un langage approprié, en calmant, en rassurant. Avec une bonne entente et une bonne coordination des équipes, personnel soignants-animateurs, les choses pourront se passer le "moins mal possible". L’animateur interviendra en "ami" ; il sait que la résidente démente aujourd’hui a été une femme qui a vécu une vie d’initiative, de travail, d’amour, de connaissance.Aujourd’hui, à l’heure du goûter, devant les autres résidents, elle vient de perdre ce qui lui restait de dignité, car dans ce salon les réactions sont partagées : indignation, agacements, compassion, peur…Le goûter se terminera par un retour au sommeil, notre résidente est revenue au point de départ, elle dort ; et comme pour échapper à cette "folie", le sommeil est devenu son refuge. Elle n’a pas bu, alors pourquoi tout cela ?Nous laissons cet article à votre réflexion, car l’animation ce n’est pas seulement "occuper" les gens. L’animation c’est une réflexion sur la façon dont doit vivre la personne âgée en institution, surtout si elle est démente ; c’est lui permettre de garder sa dignité. Repensons notre façon de parler aux personnes atteintes de démence. Que reste-il à une personne devenue complètement dépendante ? Réfléchissons sur sa vie, que lui reste-il ? Et que veut dire "vivre" lorsque l’on est âgé et dépendant ? Faisons bouger les choses."Vivre l'animation auprès des personnes âgées", de Nicole Lairez Sosiewicz, aux éditions Chronique sociale".