Maison de retraite médicalisée / Ehpad
Les Cantou ou unités de vie protégées spécifiques Alzheimer
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0 commentairesPour les malades d’Alzheimer ou autres maladies apparentés
Une formule d'accueil pour les personnes âgées désorientées ou souffrant de la maladie d'Alzheimer, qui se fait rare aujourd'hui.
A la fin des années 70, la création du premier Cantou (centre d'animation naturel tiré d'occupations utiles), à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne par Georges Caussanel, répondait à un objectif simple : faire cohabiter des personnes âgées séniles avec d'autres moins désorientées pour stimuler les premières et tenter de préserver leur autonomie.
Dans un second temps, les unités Cantou ont eu pour but d'aider les familles déstabilisées par la détérioration mentale d'un de leurs parents âgés vivant à domicile, surtout si cette détérioration ne se confondait pas avec une invalidité physique importante.
Le Cantou est apparu alors comme une solution quand une personne âgée ne peut plus rester chez elle et qu'elle représente pour ses proches une charge qui dépasse leurs capacités. Ce dispositif n'entend se substituer ni aux uns ni aux autres. Il leur propose seulement, sans les démobiliser, de leur apporter une aide qu'on pourrait appeler, en langage actuel, " subsidiaire ". Rien ne peut en effet remplacer comme facteur de prévention pour la personne âgée devenue dépendante, la participation active, comme au domicile, aux tâches de la vie quotidienne.
Selon la profession de foi des Cantou : "Personne non plus ne peut ni ne doit, selon nous, prétendre remplacer les proches dans les deux domaines de la " pourvoyance affective " et de la responsabilité. C'est cette conviction qui fonde l'obligation minimale faite à chaque famille de participer avec les autres à une rencontre mensuelle. C'est cette obligation qui justifie, du reste, que l'on n'accepte dans les Cantou que les vieillards dont les proches sont en mesure de l'honorer".
Le fonctionnement d’un Cantou
Les Cantou peuvent être intégrés à un Ehpad ou bien être autonomes.
Chacune de ces petites unités autonomes comprend 12 chambres individuelles avec, pour chacune d'elles, une salle de bains avec lavabo, un WC, une douche, répartis autour d'une salle commune qui permet, dans le même lieu, de préparer les repas, de les partager, de se reposer et de passer la journée. Les résidents d'un même Cantou vivent avec les maîtresses de maison (4 par Cantou) et un personnel polyvalent qui les accompagne et se tient à leur disposition, tout en évitant de se substituer à eux pour les actes qu'ils peuvent encore effectuer seuls.
Pour éviter la perte d'autonomie, les personnes âgées sont invitées, en fonction de leurs possibilités et de leurs souhaits, à participer à tous les actes de la vie quotidienne (épluchage des légumes, mise de la table, vaisselle, pliage du linge). Une réunion mensuelle est organisée à laquelle participent toutes les familles du Cantou, les maîtresses de maison et la direction.
La décoration et l'aménagement des chambres est à la discrétion des familles. Le libre choix du médecin est possible. Le résident doit fournir son trousseau personnel.
Le prix de journée est aux alentours de 55 euros. Il comprend la prise en charge de toutes les prestations, et ne comporte pas de supplément. Un dépôt de garantie équivalent à deux mois de pension est perçu à l'admission. Il est remboursé au départ ou en cas de décès.
Une formule en danger ?
"Devant le succès, la formule s'est généralisée, mais bien des réalisations n'ont que peu à voir avec la réflexion première. Tous les éléments sont là : la pièce commune, la maîtresse de maison, les légumes à éplucher, mais le projet de vie a disparu et le Cantou est devenu un lieu de relégation pour ceux qui dérangent. Le contraire de ce qu'ont voulu les pionniers", écrivait Marie-Jo Guisset, responsable des personnes âgées à la Fondation de France, dans un numéro spécial de la revue Autrement (1991).
En 2008, 6 827 établissements présentaient des petites unités de vie spécifiques.
Le terme Cantou, en voie de disparition, a été le plus souvent remplacé par la notion d'Unité de vie protégée spécialisée Alzheimer. Il s'agit de petites unités séparées mais intégrées à un ensemble d'hébergement plus vaste.
Ces unités accueillent les personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer ou présentant des symptômes de démence. Une prise en charge spécifique permet de faire face efficacement aux conséquences de la démence, qui se traduit souvent par une désorientation, des angoisses ou des troubles du comportement.
Le plan Alzheimer 2008/2012 dans sa mesure 16 a proposé des dispositifs complémentaires, de type Pasa (pôle d’activité et de soins adaptés), UHR (unité d’hébergement renforcé) et unités cognitivo-comportementales (UCC) dans les établissements médico-sociaux et sanitaires qui ciblent les résidents présentant des troubles du comportement.
Ces dispositifs sont là pour accompagner les personnes souffrant de troubles du comportement et pour mieux prendre en compte les troubles associés à la démence. Ils ne s’opposent et ne se substituent pas aux unités de vie spécifiques existantes au sein des Ehpad.
Contacts utiles
- L'annuaire de la Fondation Médéric Alzheimer qui recense les dispositifs
- L'association France Alzheimer qui aide les malades et leurs familles