Connaître vos droits
Vieillir, mourir dans la dignité. En mode dégradé ?
Avec l'ouverture du nouveau quinquennat, les revendications se font entendre.
On voit revenir celle du "droit de mourir dans la dignité", celle du suicide assisté avec la décision début mai du tribunal d'Angers de relaxer un vétérinaire qui a fourni de fausses ordonnances afin de permettre le suicide d'un ami atteint de la maladie de Charcot.
Mais qui a envie de vivre en situation de vulnérabilité, de vieillir, de mourir dans l'indignité ?
Force est de constater que notre pays n'a pas encore pris la mesure des enjeux et de la situation dégradée sur le terrain avec l'évolution défavorable des situations d'indignité.
Le grand âge fait ainsi la Une des journaux, après la déflagration du livre-enquête Les Fossoyeurs en Ehpad, parce que vieillir à domicile est très difficile aussi, rappelle Libération.
Dans les établissements, le législateur fait bouger les lignes concernant le Conseil de la vie sociale (CVS), le port du masque et la facturation en cas d’absence et après le décès d’un résident.
Mais le législateur va devoir agir et soutenir plus fortement ce secteur qui s'effondre faute de financements, de solutions labellisées, de coordinations entre les acteurs, de lutte active contre l'âgisme, faute de professionnels en première ligne. Ces derniers désertent le prendre soin, mal reconnu, peu valorisé et pourtant porteur de sens, de valeurs de liens, de projets motivants.
Pourquoi ne pourrions-nous pas vivre, vieillir, mourir entouré partout, quel que soit notre domicile, d'animaux domestiques si bons pour le moral ?
Pourquoi ne pourrions-nous pas vivre, vieillir, mourir dans la transmission, la poésie ? Voir cette semaine ces ateliers gratuits et ce concours d’écriture sur le thème du souvenir d’enfance.
Pourquoi ne pourrions-nous pas vivre, vieillir, mourir dans des habitats qui respectent mon intimité sans être isolé ? Voir ces habitats collectifs, participatifs, créés par les vieux eux-mêmes, sortis de terre et exposés au pavillon de l'Arsenal à Paris dans une expo gratuite et motivante. Ou pour les personnes ayant besoin d'une présence professionnelle 24h sur 24 : les Ehpad labellisés Humanitude dont je dresse le portrait dans mon second livre "Vieillir debout, ils relèvent le défi : le label Humanitude".
Personne ne veut vivre, vieillir, mourir dans l'indignité.
Cela demande une mobilisation individuelle et collective, dans les familles, sur les territoires, dans les politiques publiques pour y parvenir : la santé (face aux déserts médicaux et aux hôpitaux en "mode dégradés"), la culture (comme ce festival Ehpadons-nous), l'éducation, la formation, l'urbanisme, l'écologie... et les finances.
Car c'est "rentable" de vieillir debout jusqu'au bout.
L'indignité : ça coûte financièrement et moralement.
Suffisamment d'arguments pour une loi grand âge permettant de vivre, vieillir et mourir debout, dans la dignité ?
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