Comprendre les fragilités
Veille de Toussaint, visite des cimetières : comment vivre avec nos morts ?
La Toussaint est traditionnellement associée à la visite des cimetières, au fleurissement des tombes. Des gestes importants et soutenant rappelle la rabbin Delphine Horvilleur dans son livre Vivre avec nos morts. Pour vivre avec ces disparus, ces fantômes, ces invisibles, dans une relation essentielle estime Marie de Hennezel dans son dernier livre, après s'être levée pendant la crise sanitaire contre l'adieu interdit.
« Tant de fois je me suis tenue avec des mourants et avec leurs familles. Tant de fois j’ai pris la parole à des enterrements, puis entendu les hommages de fils et de filles endeuillés, de parents dévastés, de conjoints détruits, d’amis anéantis… »
Delphine
Horvilleur est rabbin. Elle est amenée à vivre avec les joies, les
naissances, les mariages mais aussi avec la mort : celle des autres,
celle des vôtres.
Familière des cimetières, elle nous montre
dans son livre à quel point son travail est de transmuer la mort en
leçon de vie pour ceux qui restent, à travers l'écoute, les textes
sacrés, les rituels... indispensables.
« Savoir raconter ce qui
fut mille fois dit, mais donner à celui qui entend l’histoire pour la
première fois des clefs inédites pour appréhender la sienne. Telle est
ma fonction. Je me tiens aux côtés d’hommes et de femmes qui, aux
moments charnières de leurs vies, ont besoin de récits. » Elle cite Henri Atlan : « La vie est l’ensemble des fonctions capables d’utiliser la mort. »
Des rituels, des présences, des récits que la crise sanitaire a
bafoués voire interdits, rappelle Marie de Hennezel. Au risque de rendre
la vie difficile voire impossible aux vivants, aux survivants.
Delphine Horvilleur raconte qu'elle a parfois récitée les prières par téléphone à cause du covid... montrant ainsi que face à la mort, chacun s'organise, avec son histoire, ses ressources, ses récits, ses invisibles.
Mais la mort reste trop difficile voire impossible à vivre seule, autant pour celui qui reste que celui qui s'en va (même si nous avons encore à travailler pour déployer une culture palliative, chère à Marie de Hennezel dont la tribune dans Le Monde fin septembre n'est pas passée inaperçue face au report de la loi Grand âge et à la programmation d'une nouvelle loi sur la fin de vie).
Ceux qui meurent tombent dans la question et les autres restent sans réponse... et vivants, debout : LeH’ayim, à la vie !
Deux magnifiques ressources en cette veille de Toussaint
Vivre avec nos morts
Petit traité de consolation
Delphine Horvilleur
Editions Grasset
234 pages - 19,50 euros
Vivre avec l'invisible
Marie de Hennezel
Edition Robert Laffont I Versilio
285 pages - 19 euros
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