Comprendre les fragilités
Urgences : les personnes fragiles qui passent une nuit sur un brancard meurent deux fois plus que les autres
Services qui ferment les uns après les autres, patients qui restent des heures, des jours parfois sur des brancards avant d’être pris en charge… la situation des services d’urgence en France se dégrade en continu. En avril, Emmanuel Macron se donnait pour objectif de désengorger les urgences françaises « d’ici la fin de l’année prochaine ». Sauf qu’en attendant, la surmortalité explose, alerte une étude.
Présentée jeudi lors du congrès des urgentistes, l’étude a été menée en décembre au sein de sept services d’urgence, rapporte France Inter.
Elle portait sur 1598 patients âgés de plus de 75 ans, 707 d’entre eux ont passé au moins une nuit sur un brancard, les autres ont pu obtenir un lit le jour de leur arrivée.
Verdict : la surmortalité se monte à près de 50 % pour les personnes reléguées sur les brancards. Pour rappel, depuis la survenue de la covid-19, la surmortalité en France n’est « que » de 6,9 à 8,7 %, selon les estimations de l’Insee.
Les conséquences de l’engorgement des urgences sont donc particulièrement sévères, notamment pour les personnes déjà fragiles, souligne le médecin urgentiste Yonahan Freund : « ces patients-là meurent près de deux fois plus s’ils passent une nuit sur un brancard plutôt que dans un lit d’hospitalisation classique ».
Pour mieux comprendre pourquoi les Français se rendent aux urgences et quelles sont les conditions de leur prise en charge, la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques du ministère de la Santé va mener l’enquête mardi.
L’ensemble des services, soit environ 700 points d’accueil, devront renseigner un questionnaire pour chacun des passages aux urgences de 8h demain à 8h mercredi. Environ 65 000 personnes se rendent aux urgences en 24 heures.
La dernière enquête de ce type remonte à 2013. Elle montrait déjà une hausse continue de la fréquentation des services d’urgence, avec plus de 50 000 patients par jour en 2012 en France métropolitaine et dans les DOM.
Pour 70 % d’entre elles, les soins débutaient une heure ou moins après leur arrivée, et la moitié des patients restaient moins de deux heures dans le service, hormis ceux maintenus en observation.