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Une expo photo pour lutter contre l’âgisme
L’âgisme reste bien ancré dans notre société, montre une étude dévoilée vendredi. Pour lutter contre cette discrimination liée à l’âge, la résidence de l’Abbaye, à Saint-Maur-des-Fossés (94), a choisi d’afficher en grand format des portraits de résident sur le mur d’enceinte de l’établissement, le long de la Marne, afin de montrer que même au grand âge, même en résidence, la vie est toujours là.
Un projet plein de joie, d’envie et de générosité, résume James Roussel, agent technique à la Résidence de l’Abbaye et auteur des 19 portraits. « Nous voulions montrer qu’ici, il y a de la vie, que la vieillesse, c’est simplement une autre partie de la vie », poursuit-il.
Ses photographies, installées le long d’une artère très passante, représentent donc les habitants volontaires dans leurs activités du quotidien. René joue aux échecs, Roger rend visite aux enfants de la garderie intégrée à la résidence, tandis que Geneviève prend le soleil le long de la Marne.
« Il faut attirer l’attention, mettre en valeur les personnes âgées », explique-t-elle. « Beaucoup de personnes pensent qu’on a le cerveau déficient, or nous avons encore notre sensibilité, nos idées sur la vie », ajoute le modèle d’un jour.
René, 86 ans, regrette lui aussi le regard pas toujours tendre que les plus jeunes peuvent parfois porter sur leurs aînés. « C’est important de montrer que les gens qui sont en résidence continuent de vivre complètement ». Geneviève acquiesce : « il faut savoir qu’un grand nombre de résidents fonctionnent très bien. Et ceux qui sont handicapés méritent notre solidarité ».
Comme Roger, 84 ans, ils sont ravis d’avoir participé à ce projet qui contribue à faire changer les regards. « D’autant que le photographe est très habile, malgré mon physique qui n’est pas extraordinaire », sourit Roger.
Les portraits sont accompagnés d’un texte qui explique ce qu’est l’âgisme, indique Pascal Champvert, le directeur de l’établissement. Car l’exposition a avant tout pour objectif de lutter contre cette discrimination, qui dévalorise les vieux, et encore plus les très très vieux.
« II s’agit de montrer que les gens qui vivent en maison de retraite ne sont pas des débris, comme je l’ai encore entendu récemment », s’indigne-t-il.
Et c’est vrai que les clichés ont la vie dure, d’après les résultats de l’enquête sur l'âgisme rendue publique la semaine dernière. Quand on demande aux Français les mots qui leur viennent à l’esprit quand on évoque la vieillesse, ils répondent en premier lieu la retraite, puis la maladie, la dépendance, la mort et la solitude.
D’ailleurs, 14 % des Français estiment qu’il est normal de vivre isolé quand on est vieux, tandis que 26 % trouvent que les personnes de 65 ans et plus sont lentes et font perdre du temps aux autres et 28 % que plus on est âgé, moins on est utile.
Globalement, 24 % des Français se trouvent âgistes, 67 % estiment que la société l’est… même si 64 % n’ont jamais entendu parler de cette discrimination.
Conséquence, 28 % des Français ont été témoins ou victimes de moqueries âgistes, 25 % ont de limitations liées à l’âge pour l’exercice de certaines fonctions ou responsabilités, 23 % de paroles humiliantes, 21 % d’abus de pouvoir ou encore 20 % de mise à l’écart des âgés. Des discriminations le plus souvent vécues dans l’espace public (rue, transports en commun et commerces notamment).
Il reste donc beaucoup à faire, face à une discrimination méconnue et insidieuse.
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