Aller sur la navigation Aller au contenu principal Aller sur la recherche

Connaître vos droits

Un livre noir et un violentomètre pour identifier et dénoncer la maltraitance en Ehpad

Auteur Raphaëlle Murignieux

Temps de lecture 3 min

Date de publication 18/11/2024

0 commentaires

Après une première édition en novembre 2020, puis un deuxième en février 2021, le Cercle des proches aidants en Ehpad (CPAE) publie son nouveau « livre noir » des Ehpad. Un recueil d’une trentaine de témoignages terribles, qui relatent des faits graves, et de nombreux actes de maltraitance.

Erreurs médicamenteuses, moqueries, contention chimique, négligences graves… les actes dépeints dans ce nouveau livre noir sont terribles.

Malgré les alertes répétées des familles, des journalistes (comme Victor Castanet et son enquête Les Fossoyeurs), malgré les contrôles, les états généraux des maltraitances et autres mesures ministérielles, la façon dont sont traités les résidents dans certains Ehpad ne semble pas s’être améliorée.

Camille, par exemple, liste les multiples dysfonctionnements, les maltraitances passives et actives qu’elle a pu constater depuis l’entrée de sa mère en maison de retraite :

  • médicaments trouvés régulièrement au sol : traitements médicaux non dispensés donc.
  • perte de poids et diarrhées régulières non traitées : j’emmène du Smecta, car l’établissement n’en a pas.
  • temps d’attente trop long lorsqu’elle sonne pour aller aux toilettes : jusqu’à 3/4 d’heure, ce qui l’oblige à faire dans sa protection alors qu’elle n’est pas incontinente.
  • repas mixés : Maman ne fait aucune fausse route, j’ai dû demander une prescription à son médecin traitant pour des repas non hachés.
  • fauteuil roulant non adapté : ce qui a conduit à des escarres aux fesses, puis aux deux talons.
  • repas : non adaptés pour personne diabétique, même avec prescription médicale (diabète type 2). Toujours la même chose, une madeleine au goûter
  • dentier : jamais collé correctement et surtout jamais lavé.
  • hygiène corporelle : une douche tous les 10 jours, mais depuis 2 mois, toilette au lit. Ongles et cheveux dégoutants. Maman sent très mauvais.
  • aucune sortie dans le jardin : ma mère passe la journée dans son lit si je ne viens pas.
  • personnel : trop de turnover et aucune transmission lorsque nous signalons un fait.
  • non prise en charge de la douleur : j’ai fait hospitaliser ma Maman moi-même.
  • Pas de médecin : l’établissement fait appel à SOS médecin.
  • intimidation de la part de la direction : lorsque nous remontons certains problèmes importants, la réponse est invariablement « Allez voir ailleurs si cela ne vous convient pas. »
  • augmentation de 240 euros de redevance : annoncée au dernier moment sans aucune amélioration de la prise en charge.

Des faits graves qui pour beaucoup relèvent de maltraitance, comme le montre le violentomètre récemment publié par la Haute autorité de santé.

A l’origine, le violentomètre est un outil qui permet d’évaluer si une relation de couple est basée sur le consentement et ne comporte pas de violences.

La version de la HAS concerne les personnes accueillies en établissements de santé ou en Ehpad.

Elle considère que si une personne :

  • a peur de parler et des conséquences que cela peut avoir,
  • ne peut voir ses proches, est très isolé(e,
  • n’a pas les aides suffisantes permettant d’aller mieux,
  • ses besoins essentiels ne sont pas assurés (sommeil, alimentation, hydratation),
  • son état ou sa situation s’est dégradé subitement,
  • elle se sent négligé(e), maltraité(e), non respecté(e),
  • elle a subi des paroles, des attitudes, des gestes irrespectueux,
  • elle a subi des paroles, des attitudes, des gestes violents,

alors elle se trouve dans une situation de maltraitance.

L’outil est également intéressant car il précise des points de vigilance, des comportements qui montrent que la situation est à risque de maltraitance (difficulté pour voir ses proches, pas de réponse à ses questions ou à ses demandes, long délai avant d’avoir une réponse ou des explications…).

Source : Haute autorité de santé


Voir la fiche HAS Bientraitance et maltraitance en établissement - Comprendre et agir. Information destinée aux personnes adultes accueillies et leurs proches

Consulter le livre noir du CPAE

Partager cet article