Un Français sur six aide un proche en perte d’autonomie et a besoin de répit

Ils étaient attendus de longue date : la précédente estimation du nombre d’aidants en France, réalisée par la Direction de la recherche des études de l'évaluation et des statistiques (Drees) du ministère, datait en effet de 2008.

La Drees a publié le 2 février les résultats de son enquête Vie quotidienne et santé, menée en 2021.

Verdict : 9,3 millions de personnes déclarent apporter une aide régulière à un proche en situation de handicap ou de perte d’autonomie en 2021, dont 500 000 mineurs.

Soit une personne sur six et un mineur sur vingt. Ce dernier chiffre rejoint les estimations de Jade, l’association des jeunes aidants, qui rappelle qu’au moins un enfant par classe est un aidant.

La majorité des aidants est âgée de 55 à 64 ans : dans cette tranche d’âge, une personne sur quatre aide un proche.

L’aide apportée consiste avant tout en du soutien moral (6,4 millions de personnes âgées de 5 ans ou plus, dont 366 000 mineurs), puis l’aide à la vie quotidienne (5,7 millions de personnes, dont 311 000 mineurs) et l’aide financière (1,3 million d’adultes).

Jusqu’à 75 ans, les aidants sont surtout des aidantes, et les DROM, les Hauts-de-France et la Corse compteraient plus d’aidants, proportionnellement à la population, que les autres régions de France.

Des données éclairantes, mais qui semblent encore sous-estimer le nombre réel d’aidants de beaucoup.

Pour le docteur Hélène Rossinot, spécialiste en santé publique et médecine sociale, et autrice de plusieurs ouvrages sur les aidants, c’est la douche froide.

« Pour être honnête avec vous, j’étais heureuse quand on m’a contactée pour m’apprendre qu’un rapport de la Drees sur les aidants allait - enfin - sortir. 2008, et le rapport chiffrant les aidants en France à 8,3 millions étaient bien loin, et dépassés.

Quelle désillusion en le lisant. Quelle superficialité dans les données, dans l’exploitation qui en est faite », écrit-elle sur LinkedIn.

Elle regrette que les définitions de l’aidance ne soient pas plus claires, que la durée, l’ampleur de l’aide ne soient pas détaillées, que la situation professionnelle des aidants ne soit pas prise en compte…

D’autre part, l’enquête, qui ne prend pas en compte les aidants de personnes atteintes de maladies chroniques, de troubles psychologiques ou d’addictions, donne un chiffre bien restreint du nombre d’aidants, alors que le gouvernement travaille sur la question du répit et des freins qui empêchent les aidants d’y recourir.

Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), rendu public vendredi, montre d’ailleurs que si les aidants ne recourent pas suffisamment au répit, c’est parce que les dispositifs type plateforme de répit laisse de côté un certain nombre d’aidants.

L’Igas recommande ainsi « l’élargissement effectif des plateformes de répit vers les aidants des personnes malades, en ciblant dans un premier temps certaines maladies chroniques qui sollicitent le plus les aidants ».

En revanche, le rapport se montre mitigé sur la pertinence des maisons de répit, comme celle de Lyon, et invite plutôt à soutenir la suppléance à domicile (baluchonnage), l’accueil temporaire en établissement, et les séjours de vacances-répit.

Enfin, il plaide pour de nouveaux modes de financement des temps de répit, décorrélés des prestations liées à l’aidé.