Comprendre les fragilités
Témoignage : quand le déni d’Alzheimer revient comme un boomerang
Quand sa mère lui a annoncé que son père avait la maladie d’Alzheimer, la journaliste et autrice Charlotte Moreau n’a pas voulu l’entendre. Elle revient dans un témoignage fort et intime sur ces années de déni.
« C’est en lisant le compte-rendu médical que je l’ai vu. Ce mot dont je me suis protégée si longtemps. Ce mot qui avait été prononcé une seule fois, il y a plusieurs années, et plus depuis. Plus devant moi. Ce mot que j’avais pris pour une provocation, un abus de langage.
(…)
Ce mot qui dramatisait, pensais-je, la situation.
Ce mot que je n’utilisais pas à propos de mon père.
Soudain le mot est là, sous mes yeux.
Ce mot qui annule le futur et le passé.
Alzheimer. »
C’est par ces mots que Charlotte Moreau entame ce témoignage. Un témoignage du déni dont peuvent faire preuve les proches au sujet d’une nouvelle inaudible, trop brutale.
Dans son texte, paru fin février, elle explore les raisons et les étapes de ce déni, jusqu’à ce que comme un boomerang, le mot que son cerveau avait pris soin de repousser au loin lui revienne de plein fouet.
Que faire, maintenant ? A qui confier tous ces sentiments, ces émotions enfouis durant des années et qui explosent désormais ?
« A ma mère et à mes sœurs, non. Puisqu’il est évident que tout le monde sait, tout le monde sait depuis longtemps sauf moi, qui me suis bercée d’illusions plus confortables. »
Que faire, aussi, de cette nouvelle réalité ? Que dire ? Une question qui n’a pas forcément de réponse, car « Alzheimer ce sont des mots qui, à chaque étape, semblent devoir vous faire défaut. C’est sortir d’un silence pour tomber dans un autre. »
Un témoignage poignant à lire dans Le Débrief, la newsletter de Charlotte Moreau
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