Soutenir les aidants en activité, un enjeu de société

« Le choix du virage domiciliaire dans un contexte de pénurie d’aides à domicile pose la question de la disponibilité des aidants, qui devient absolument centrale », souligne Alain Tourdjman, directeur Etudes & prospective du groupe BPCE.

Or une majorité des 9,11 ou 15 millions d’aidants – selon qu’on inclut ou non les personnes qui accompagnent un proche victime d’un accident ou atteint d’une maladie grave – travaillent.

Selon l’étude de BPCE L’Observatoire, environ 55 % des aidants exercent une activité professionnelle en tant que salariés ou indépendants. D’après le baromètre Interfacia, à paraître cette semaine, 20 % des salariés français sont des aidants – soit environ 5 millions de personnes.

Quel que soit leur nombre, les aidants en activité sont souvent confrontés à des difficultés d’organisation. Selon Interfacia, 1/4 travaillent à temps partiel (26 %), un choix subi pour 69 % d’entre eux. Et 1/3 des aidants actuellement sans emploi ont été contraints de démissionner pour prendre soin d’un proche fragilisé.

D’autant que, d’après l’observatoire BPCE, 34 % des aidants renoncent à avoir recours à une aide à domicile, en raison du coût ou faute de trouver une personne de confiance. L’observatoire constate aussi une dégradation financière chez les aidés, qui ont de moins en moins les moyens de rémunérer une aide professionnelle, contexte économique oblige. Et le niveau de vie moyen des retraités pourrait continuer à se dégrader.

Alors que le nombre de personnes âgées augmente, les aidants risquent donc de jouer un rôle de plus en plus essentiel dans l’accompagnement de la vulnérabilité.

« Il devient de plus en plus nécessaire que les employeurs s'emparent du sujet de l'aidance », Gabrielle Guèye, fondatrice d'Interfacia.

Et que les problématiques rencontrées par les aidants salariés soient mieux prises en considération, à commencer par le manque de temps et la fatigue physique, identifiés comme difficultés principales par un salarié aidant sur deux.

Les deux études notent aussi que les employeurs ne savent pas toujours comment se saisir du phénomène, et peuvent se sentir démunis et mal informés, notamment dans les TPE et PME.

L’une des clefs ? Le dialogue et l’information des aidants comme des employeurs, pour mieux faire face à cette évolution inéluctable de notre société.