Comprendre les fragilités
Santé bucco-dentaire : conseils pour les malades de Parkinson
La maladie peut entraîner des troubles spécifiques, explique le Dr Manon Auffret
La maladie de Parkinson et les traitements associés peuvent entraîner des troubles bucco-dentaires spécifiques. Explications et conseils du Dr Manon Auffret.
Idéalement, un malade de Parkinson devrait consulter son chirurgien-dentiste trois à quatre fois par an, explique la chercheuse, pour repérer les problèmes éventuels le plus précocement possible.
Par ailleurs, au fur et à mesure que la maladie avance, les séances chez le dentiste, surtout si elles sont longues, peuvent devenir de plus en plus difficiles à supporter.
Pour prendre en charge les difficultés le plus tôt possible, elle recommande par ailleurs de prendre un premier rendez-vous dès l’annonce du diagnostic.
La maladie peut en effet avoir des conséquences importantes sur la santé bucco-dentaire des malades.
« C’est éminemment variable, en fonction des personnes, en fonction des dosages, en fonction de la situation initiale. Si vous avez une bouche déjà fragilisée, si vous êtes diabétique ou si vous avez eu d’autre souci, évidemment ça va être un facteur supplémentaire qui va potentiellement aggraver les problèmes sous-jacents », précise le Dr Manon Auffret.
Cependant, il est fréquent de constater :
- Une sensation de bouche sèche, due aux traitements anticholinergiques, qui peut entraîner des difficultés pour s’alimenter, à bien lubrifier les tissus. Au-delà de la sensation désagréable, la sécheresse va avoir pour conséquence la modification du microbiote buccal et prédisposer à d’autres pathologies ;
- En cas de dyskinésie (troubles des mouvements), des mouvements brutaux de la mâchoire qui peuvent abimer l’émail des dents ;
- Du bruxisme (grincement de dents inconscient) dû aux traitements dopaminergiques ;
- Une glossite (inflammation de la muqueuse de la langue), causée par les médicaments, associés à un environnement fragile et une hygiène bucco-dentaire pas toujours optimale du fait de difficultés motrices.
Mais si certaines de ces atteintes de la sphère bucco-dentaire sont causées par les médicaments, pas question pour autant de se passer de traitement si celui-ci apaise les troubles moteurs.
Il existe d’autres solutions, à commencer par les substituts salivaires, disponibles en pharmacie, pour les personnes qui souffrent de bouche sèche.
« Dans tous les cas, l’essentiel est d’en parler avec son dentiste, si possible dans un dialogue associant le neurologue », conseille Manon Auffret.
Docteure en pharmacie et en neurosciences, Manon Auffret porte actuellement un projet de recherche sur l’hygiène bucco-dentaire et la maladie de Parkinson.
Les recherches entreprises par la docteure, qui portent sur le microbiote buccal, ont pour objectif, à terme, de trouver des traitements qui agissent sur les symptômes parkinsoniens tout en améliorant la qualité de vie des malades.
Un projet qu’elle a expliqué jeudi 10 juin au public des conférences Je dis recherche organisées par l’association France Parkinson.
De nouvelles conférences auront lieu les jeudis 17 et 24 juin.