Bien vieillir (prendre soin de soi)
Saint-Valentin : l’amour des seniors n’échappe pas à l’âgisme


Les chercheurs l’ont montré à de nombreuses reprises : aimer, c’est bon pour la santé. Et ce à tout âge : les Français pensent d’ailleurs que l’amour est une composante essentielle du bien vieillir. Pourtant, il n’est pas toujours facile, dans une société qui reste âgiste, de vivre ses sentiments au grand âge…
Pour le cœur, le cerveau, mais aussi le bien-être et l’estime de soi, l’amour fait du bien.
Un point qui met tout le monde d’accord. Mais les différentes générations ont une opinion différente sur ce que cet amour doit être quand il concerne les plus âgés.
Selon une enquête menée par le Lab Autonomia à l’occasion de la Saint-Valentin, 44 % des Français estiment que l'amour des enfants et de la famille est le sentiment le plus important pour les personnes âgées, pour bien vivre. Mais pour les plus de 60 ans, c’est l'amour d'un compagnon ou d'une compagne qui prime (à 39 %), devant celui des enfants et de la famille (à 37 %).
La perception de ce qui compte le plus varie donc avec l’âge. Et même si la grande majorité des Français considère que les personnes âgées peuvent encore rencontrer des nouvelles personnes (97 %), voire tomber amoureuses (93 %) et profiter d’une vie sexuelle épanouie (87 %), restent qu’ils semblent considérer cette forme d’amour comme secondaire.
Ils pensent même que la sécurité et le besoin de protection des aînés sont plus importants qu’une vie amoureuse satisfaisante. Pire, ils sont prêts à sacrifier leurs libertés individuelles pour cela : 8 Français sur 10 jugent que les proches ou la société doivent protéger les personnes âgées, même si cela va à l'encontre de leur volonté ou de leurs préférences personnelles.
« Tout cela donne à voir finalement la représentation profonde des personnes âgées qui est la nôtre dans la société : des êtres humains à part, sur lesquels nous devons veiller, comme si leur état de faiblesse leur retirait leur statut de citoyen à part entière », commente Véronique Cayado, docteure en psychologie et ingénieure de recherche pour le Lab Autonomia.
Une forme d’âgisme bienveillant, « qui nous paraît tellement conforme à la morale qu’il passe sans problème l’auto-censure de la conscience », poursuit-elle.
Il se traduit par « toutes ces attitudes paternalistes, condescendantes et infantilisantes à l'égard des personnes plus âgées qui les placent si souvent en position de citoyens de seconde zone ». Et comme les autres formes d’âgisme, il est à combattre.