Vivre chez soi
Revalorisations salariales : faut-il craindre une hausse du prix de l’heure d’aide à domicile le 1er octobre ?
Après des mois de négociation, les aides à domicile du secteur associatif ont obtenu «une hausse historique» de leurs salaires, de 13 à 15 %. Mais ces revalorisations vont-elles avoir un impact sur le portefeuille des utilisateurs ?
La ministre déléguée à l’Autonomie Brigitte Bourguignon l’avait annoncé le 1er avril dernier : les grilles de salaires des aides à domicile du secteur associatif seraient revues, avec des revalorisations salariales importantes à compter du 1er octobre 2021.
Pour compenser cette hausse, la Caisse nationale d’assurance vieillesse a revu ses tarifs, et l’aide destinée aux personnes âgées qui ne touchent pas l’Apa (allocation personnalisée d’autonomie) passe ainsi à 24,50 euros l’heure d'aide-ménagère, contre 21,10 euros auparavant.
Pour les autres clients, la situation est plus complexe. D’une part, parce que les hausses de salaires ne concernent que les salariés du secteur associatif, soit un peu plus d’une aide à domicile sur deux.
D’autre part, parce que ce sont les Conseils départementaux qui doivent financer en partie ces hausses de salaire.
Cette année, l’Etat payera 70 % du surcoût (via la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) et les Départements 30. A partir de 2022, chacun devra en financer la moitié.
Mais pas pour tout le monde : les Conseils départementaux ne sont obligés de financer les hausses de salaire que des services habilités à l’aide sociale. Pour les autres, ils sont seulement « invités » à la faire par le gouvernement.
En revanche, les employeurs associatifs doivent tous appliquer les augmentations de salaire à leurs salariés.
S’ils ne sont pas habilités à l’aide sociale, et que le Conseil départemental local refuse de financer ces augmentations, alors les services à domicile devront piocher dans leurs propres budgets.
Et dans ce cas, selon les moyens financiers des structures, certaines le répercuteront sur les clients.
« Certains départements appliquent par ailleurs des politiques pour ne plus habiliter les services », ajoute Hugues Vidor, directeur général du réseau associatif d’aide à domicile Adedom.
En somme, selon si le service est habilité ou non, et selon l’endroit où l’on habite, puisque chaque Conseil départemental peut appliquer la politique qu’il souhaite, la situation sera différente. Même si, rappelle le gouvernement « les conseils départementaux sont invités à veiller particulièrement à la limitation des impacts sur le reste à charge supporté par les usagers ».
Verdict dans quelques jours, même si la situation pourra encore évoluer en 2022, avec l’annonce par Jean Castex d’un tarif national socle de 22 euros par heure d’aide à domicile. Le Premier ministre a toutefois affirmé que « l'Etat prendra ce surcoût intégralement à sa charge ».
Dans la peau d’une auxiliaire de vie à domicile
Réalisant à quel point les personnes âgées sont invisibles dans notre société, Ixchel Delaporte a eu un jour l’idée de se faire embaucher chez un prestataire de services à domicile pour essayer de comprendre ce que c’est de vieillir aujourd’hui en France et pour découvrir comment ces personnes sont prises en charge au quotidien.
J’embarque et je vous emmène au pays de Mathusalem
Ixchel Delaporte
“Je veux m’approcher, tel Sherlock Holmes avec sa loupe, coller le nez à la preuve, regarder l’horreur de près. L’horreur de la pente, de cette lente déliquescence qu’est la vieillesse, du moins c’est ce que j’imagine” raconte l’autrice avant d’enfiler le costume d’auxiliaire de vie et de découvrir ce “peuple silencieux”.
La Dame de compagnie relate cette expérience de plusieurs mois, ponctuée de moments forts, de liens tissés avec les personnes accompagnées mais aussi rythmée par les horaires fragmentés, des tâches difficiles physiquement et émotionnellement, de tout petits salaires…
“Je partais le matin, je vivais avec ces anciens et je rentrais le soir épuisée, privée de forces pour m’intéresser à la marche du monde” témoigne Ixchel Delaporte qui réalise aujourd’hui le manque de moyens humains, matériels et financiers dont souffrent les services d’aide à domicile et leurs bénéficiaires.
La Dame de compagnie
Ixchel Delaporte
Éditions du Rouergue
240 pages - 19,90 €
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