Rentrée littéraire pour le centenaire Edgar Morin et le Goncourt du 1er roman 2023
A 102 ans, le sociologue et philosophe Edgar Morin partage sa curiosité insatiable sur le monde, sur la vie : "le plus étonnant est que l'on s'étonne si peu de vivre", écrit-il. Quant à Pauline Peyrade, L'âge de détruire aux Editions de Minuit a été salué du Goncourt du premier roman 2023. Deux ouvrages en cette riche rentrée littéraire.
Encore un moment…
S'excusant presque de s'entendre donner des leçons sur le "métier de vivre", le résilient Edgar Morin partage ici des textes qu'il affectionne pour nourrir les réflexions sur ses principaux travaux : la complexité, la pensée globale, l'éthique (de la solidarité, de la responsabilité), la Terre-Patrie, mais aussi l'espérance et "l'improbable qui peut tout modifier en mieux ou en pire" (page 17).
Mobilisant Montaigne, Spinoza, Shakespeare… Edgar Morin invite à renforcer son "cognatus, la volonté de persévérer dans son être" (page 72) pour une politique de civilisation qui humanise la technique, développe les solidarités face aux risques climatiques, écologiques, mais aussi politiques, face à la barbarie.
Il pointe la "tragédie de la non-communication ente les médecines" (page 134), la dégradation de notre alimentation, le manque de politiques de la ville et de la campagne (ensemble), les valeurs à mobiliser comme la courtoisie, la convivialité.
Il invite à relier les initiatives positives, les savoirs, développer les expérimentations au-delà de la participation dite citoyenne qui oublie souvent les exclus, les marginaux, les vieux, les femmes, les pauvres…
Encore un moment...
Edgar Morin
Editions Denoël
208 pages
18 euros
L’âge de détruire
Parce qu'il n'y a pas d'âge pour détruire ses proches ("C'est si compliqué que ce soit simple", page 138) ;
parce que la famille n'est pas toujours un cocon serein et positif, quand les relations incestueuses s'y glissent ;
parce que les relations mères-filles sont souvent complexes ("Un merci maman de temps en temps ce ne serait pas dégueulasse") ;
parce que l'isolement, la solitude font des dégâts ("J'ai vu la haine et le chagrin faire leur œuvre en elle")...
Pauline Peyrade signe un livre dense, tendu, osé et délicat sur l'abomination de l'inceste, la violence qu'il engendre, l'envie de dominer et de détruire qu'il va libérer... à tous les âges.
L'âge de détruire
Pauline Peyrade
Les Editions de Minuit
160 pages
16 euros