Comprendre les fragilités
Présidentielle : que proposent les candidats pour le grand âge et les aidants ?
Retour sur les programmes d’Anne Hidalgo, Emmanuel Macron, Yannick Jadot, Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Fabien Roussel
Avec la crise sanitaire puis le scandale Orpéa, les questions de santé et d’accompagnement de la perte d’autonomie sont remontées au premier plan des préoccupations des Français. A l’approche des élections présidentielle et législative, quelles sont les propositions des candidats en la matière ?
Six des douze candidats à la fonction présidentielle ont répondu à l’appel de la Fédération hospitalière de France le 17 mars pour présenter leurs propositions en matière de santé et d’autonomie, dans le cadre d’une journée d’hommage aux soignants (Jean-Luc Mélenchon n'a pas répondu à l'invitation, Eric Zemmour s'est désisté et les quatre derniers candidats n'ont pas été sollicités faute de temps d'intervention disponible).
C’est Anne Hidalgo qui a ouvert le bal. La maire de Paris s’est engagée à augmenter les effectifs, notamment dans les Ehpad et les services d’aide à domicile où elle promet au minimum « 40 000 personnes recrutées (…) pour les personnes âgées dépendantes ».
La candidate a aussi prévu de revaloriser l’allocation personnalisée d’autonomie de 50 % à domicile, mais aussi les salaires des aides à domicile, qu’elle entend mieux accompagner tout au long de leur carrière.
Pour les Ehpad, elle propose d’augmenter le nombre de places à tarif social.
Consulter le programme d’Anne Hidalgo
C’est Olivier Véran qui lui a succédé à la tribune, venu représenter Emmanuel Macron qui présentait au même moment son programme lors d'une conférence de presse à Aubervilliers.
Sur le volet autonomie, le ministre de la Santé a mis en avant Ma Prime Adapt’, un dispositif simplifié en faveur de l’adaptation du logement conçu sur le modèle de Ma Prime Renov’, un guichet unique sur l’aide à domicile et promis lui aussi des recrutements en masse : 50 000 infirmiers et aides-soignants supplémentaires en Ehpad d’ici 2027.
Consulter le programme d’Emmanuel Macron
Au tour ensuite de Yannick Jadot, qui a été le candidat le plus applaudi. Si son programme santé est centré sur la prévention à tous les âges et la santé environnementale, le candidat écologiste entend toutefois renforcer les effectifs soignants, à l’hôpital mais aussi en Ehpad.
Yannick Jadot souhaite ainsi atteindre un taux d’encadrement d’au moins 8 personnels pour 10 résidents en Ehpad, avec des établissements plus petits, à taille humaine, et surtout pas privés commerciaux : « j’interdirai toute nouvelle autorisation d’Ehpad privés à but lucratif », a ainsi affirmé le candidat qui plaide en revanche pour le développement de l’habitat partagé.
Pour le domicile, il propose de développer « les droits à la formation, au répit et à la retraite » et d’améliorer les salaires et formations des aides à domicile.
Toutes ces mesures seraient financées grâce à la suppression des dérogations sur les droits de succession sur les grandes fortunes, ce qui permettrait de gagner 8 à 9 milliards d’euros par an selon le candidat.
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Valérie Pécresse mise elle aussi sur la prévention pour « augmenter l’espérance de vie en bonne santé de 3 ans » durant le prochain quinquennat.
Sur la question de l’autonomie, elle souhaite donner la priorité au maintien à domicile « avec 2500 euros supplémentaires de crédit d’impôt pour les services à la personne », et en multipliant les offres de logement (accueil familial, habitats partagés…).
Pour les Ehpad, elle propose également d’augmenter les effectifs mais
aussi de rendre public « des indicateurs de la qualité des soins ». Une
dernière mesure qui est déjà dans les tuyaux : la publication de ces
indicateurs a été annoncée par la ministre de l’Autonomie le 8 mars.
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Déroulé comme une liste de courses par la candidate, le programme de
Marine Le Pen comporte trois mesures qui concernent le grand âge : la
création d’urgences gériatriques, l’augmentation de la médicalisation en
Ehpad (infirmiers, médecins et pharmaciens référents) et un congé de
proche aidant indemnisé à 100 % du Smic, à 80 % du salaire jusqu’au
salaire médian (soit 1552 euros nets en s’appuyant sur le montant 2019
du salaire médian) et à 50 % au-delà, avec un plafond à 3000 euros nets.
Consulter le programme de Marine Le Pen
Fabien Roussel enfin voit grand : il promet dès 2022 la création de « 300 000 emplois en Ehpad et 100 000 aides à domicile », pour arriver en établissement à un professionnel pour un résident.
Il plaide aussi pour la création d’un « service national et territorialisé de l’aide à l’autonomie » visant à garantir l’égalité d’accès à la prise en charge à domicile, avec des professionnels mieux formés et rémunérés.
Des mesures qui seraient financées par une « contribution solidarité » de 2 % sur les dividendes perçus (2 milliards d’euros en 2021).
Consulter le programme de Fabien Roussel
Rendez-vous la semaine prochaine pour examiner les programmes des autres candidats à la présidentielle.
Des aidants peu présents dans les programmes
De son côté, le collectif Je t’aide a analysé l’ensemble des programmes mais aussi les prises de parole des candidats pour mesurer la place accordée aux aidants dans la campagne. Avec de maigres résultats : seul un candidat sur deux inclut des propositions en direction des aidants et deux candidats ne font aucune proposition qui concerne les aidants ou les personnes aidées.