Comprendre les fragilités
Politique : aidants, proches et seniors s’invitent dans la campagne présidentielle
A moins de trois mois du premier tour de l’élection présidentielle, et alors que la question du grand âge et de l’autonomie reste absente des débats, associations et collectifs d’aidants, de proches, de personnes âgées et de famille donnent de la voix. Le point sur leurs propositions.
Ils sont sous le feu des projecteurs depuis le début de la crise covid, pourtant, les vieux sont encore une fois les grands oubliés des programmes des candidats.
Des candidats qui gagneraient pourtant à prendre en considération le
sujet, ne serait-ce qu’en raison des taux de participations relevés chez
les 50-74 ans, rappelle un sondage Ifop publié par le magazine Notre
Temps.
Mais les 50 ans et plus ne se sentent pas entendus, ni en tant que citoyens (pour 71 % d’entre eux), ni en tant que seniors (80 %).
Pour faire bouger les lignes, une quinzaine d’associations et de
collectifs rassemblant proches et familles de résidents d’Ehpad ont
publié leur plateforme pour les élections présidentielle et
législatives, intitulée Pour des Résidents toujours citoyens en Ehpad.
Un mouvement né avec la crise sanitaire et les nombreuses privations de libertés dont ont été victimes les habitants des maisons de retraite. Les Ehpad pendant la crise, c'est aussi l'objet du livre de Richard Vercauteren et Sylvain Connangle.
Dans Ephad : des espoirs ? préfacé par Dominique Libault et postfacé par Michel Laforcade, les deux auteurs attirent l'attention sur ces premiers mois de pandémie qui ont mis en lumière la vulnérabilité des personnes accueillies en maison de retraite.
Cet ouvrage met en avant la nécessité d'une approche plus humaine pour prendre soin les résidents de ces établissements mais aussi pour apporter plus de reconnaissance aux professionnels qui les accompagnent au quotidien.
Ephad : des espoirs ?
de Richard Vercauteren et Sylvain Connangle
aux éditions Erès
240 pages - 15 euros
Forte d’une dizaine de demandes, elle milite avant tout pour la remise en route d’une réforme de l’autonomie, abandonnée par le gouvernement actuel, mais aussi pour l’augmentation du nombre de professionnels dans les établissements, la reconnaissance et la préservation des droits des résidents ou encore un statut pour les aidants et les bénévoles.
Faire entendre la cause des aidants
Des aidants dont les revendications sont aussi portées par le Collectif je t’aide, qui a dévoilé la semaine dernière 10 propositions pour l’élection présidentielle, élaborées suite à la consultation menée en décembre :
- Former les professionnel.les au repérage et l’orientation des aidant.es
- Conduire une étude nationale pour mettre à jour les statistiques sur lesaidant.es
- Rendre visibles les aidant.es auprès des pouvoirs publics en les associant à la création, le suivi et l'évaluation des politiques publiques et en menant des campagnes de sensibilisation pour le grand public
- Revaloriser les métiers du soin, de l’accompagnement et du lien et augmenter leur nombre
- Augmenter les plans d’aide et baisser le reste à charge des aidant.es
- Simplifier les démarches administratives et accompagner les aidant.es dans ces démarches
- Mieux valoriser les années d'aidance dans le calcul des droits à la retraite et valoriser les acquis d’expériences
- Élargir le congé de proche aidant (indemnisation, durée, conditions…)
- Rendre effectif le droit au répit par la diversification de solutions de répit et leur accessibilité financière
- Créer un bilan de santé annuel pour les aidant.es et garantir des consultations psychologiques gratuites
« Encore une fois, aucun candidat ne parle des aidants », regrette Morgane Hiron, la déléguée générale du collectif, qui invite les aidants à les interpeller sur les réseaux sociaux.
Pour une prestation universelle autonomie, quel que soit l’âge
Associant aidants, retraités et professionnels, le collectif Une société pour tous les âges a lui aussi publié il y a quelques jours sa lettre aux candidats.
Il demande en premier lieu la création d'une prestation autonomie, sans barrière d’âge (c’est-à-dire que la compensation de la perte d’autonomie ne soit pas différente selon l’âge à laquelle elle survient, ce qui est le cas aujourd’hui).
Mais milite également pour la refonte du parcours d’aide et de soin, la lutte contre l’âgisme et la maltraitance, le soutien aux aidants et la refonte de la filière médicosociale.