Etre aidant, être aidé
Peut-on aider sans compter ?
Si l’écart entre les hommes et les femmes qui aident un proche tend à se réduire, pour les femmes, le coût de l’aidance est bien plus lourd, montre la nouvelle édition de l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes, lancé en 2022 par la Fondation des femmes.
« L’Observatoire de l’émancipation économique des femmes, soutenu par le Crédit Municipal de Paris, vise à objectiver les raisons pour lesquelles, à différents moments de leur vie, malgré leurs talents, ou leur motivation, les femmes se trouvent dans des situations d’empêchement », explique Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la fondation.
Parmi ces « situations d’empêchement », l’aidance. Car si 40 % des aidants sont des hommes, l’aide est apportée à 74 % par des femmes lorsqu’il s’agit de personnes nécessitant des soins plus contraignants, et 75 % lorsque la personne aidée est un enfant.
Les hommes apportent plutôt une aide financière, les femmes une aide régulière tournée davantage vers le soin et le soutien moral, note l’observatoire.
Par ailleurs, les hommes aidants sont plus épaulés : lorsque l’aidé est un homme, l’aidant unique est une femme dans 87 % des cas, mais si l’aidée est une femme, l’aidant unique est un homme dans seulement 58 % des cas.
Hommes et femmes aident donc différemment, avec un impact plus lourd pour ces dernières.
25 % des femmes aidantes sont obligées de passer à temps partiel, contre 10 % des hommes. La moitié d’entre elles sont stressées au travail et 58 % sont en situation d’épuisement professionnel, contre respectivement 42 et 51 % des hommes aidants.
Sans oublier l’évolution professionnelle ralentie et les pensions de retraite moins élevées à l’arrivée.
« Au sein des entreprises, 41 % des femmes aidantes disent avoir refusé des opportunités professionnelles (promotions, changement de poste, etc.) en raison de leur situation d’aidantes. La charge de l’aide étant trop importante, elles sont empêchées d’évoluer », indique l’observatoire. Pire, par rapport aux carrières masculines, leur salaire stagne en restant au même poste.
Financièrement, les hommes aidants contribuent plus : 310 euros par mois en moyenne, et 240 euros pour les femmes. Des sommes à mettre au regard des salaires selon le genre. Ainsi, leur contribution financière est jugée « supportable » par 43 % des femmes, mais 55 % des hommes.
« La note est salée pour les femmes, qui, en tant qu’aidantes, paient le prix fort à tous les niveaux », commente l’observatoire.
Les aides existantes étant jugées insuffisantes pour éviter la précarisation des aidantes, la fondation plaide donc pour différentes mesures, notamment une simplification de l’accès aux aides, des mesures fiscales spécifiques et des mesures pour réduire les écarts de salaire.
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