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Maison de retraite médicalisée / Ehpad
Trouver son lieu de vie
Entrer en résidence, en établissement pour personnes âgées dépendante (Ehpad), est un passage difficile de la vie, souvent douloureux quand il n'est pas vraiment choisi. Les mots ont leur importance : "confier" son proche et non le "placer". La clé reste d'anticiper, de visiter ces lieux à l'avance, aller y déjeuner, y séjourner quelque temps, comme la phase d'adaptation en crèche. Comment garder les liens avec son proche dans son nouveau domicile ?
Avant l'entrée, la phase de pré-admission va permettre de mieux se connaître.
Cette phase va comporter des rencontres : du personnel de la structure au domicile historique, des visites réciproques, un ou plusieurs déjeuners, accueils de jour, des participations aux activités, un ou plusieurs séjours temporaires.
Les rencontres avec les professionnels vont permettre de partager le recueil des habitudes de vie, des envies, des projets petits et grands.
Ces visites, ces temps d'adaptation permettront aussi des rencontres avec les habitants, avec les élus au CVS : conseil de la vie sociale (instance consultative obligatoire).
Il faudra du temps pour comprendre, signer le contrat de séjour, organiser le déménagement, s'approprier le livret d'accueil de la nouvelle maison : services, horaires, lieux, activités, organisation, organigramme, droits et devoirs, charte(s), contacts…
Un référent professionnel sera désigné mais peut-être qu'un habitant se fera un plaisir de devenir le parrain/marraine de cette phase sensible, pour petit à petit reprendre racines.
Viendra ensuite le temps de reprendre racine, de prendre ses marques, d'organiser son emploi du temps en vaquant à ses occupations, ses temps de rencontres avec des amis, dans la vie de quartier.
Un agenda sera surement utile comme cadeau aux fêtes de fin d'année et peut-être faudra-t-il prendre rendez-vous pour se rencontrer !
Quand le rendez-vous est pris, quand la rencontre s'organise, ce n'est pas toujours facile, ni naturel d'entrer en relation, de maintenir le lien, d'autant plus quand son proche est perturbé, désorienté, quand sa mémoire défaille, quand la maladie neurocognitive empire.
Mieux vaut professionnaliser l'entrée et le maintien de la relation. Parmi les techniques, celles de l'Humanitude sont d'une grande aide pour donner envie, confiance, éviter la surprise, écarter les seuils de tolérance.
L'Humanitude invite à professionnaliser les regards qui seront bien horizontaux (se baisser à sa hauteur si votre proche est assis), dans l'axe (bien en face, pas de travers), des regards longs de pupille à pupille et de plus en plus proches si votre proche a du mal à vous capter.
Viendra ensuite la parole en continu, sans trop de questions, en décrivant ce que l'on fait, ici et maintenant et puis le toucher : caresser l'épaule, le bras, prendre la main. Le toucher reste le meilleur moyen d'être connecté, faire du bien et se faire du bien.
Oui mais que dire durant de longues minutes, de longues heures ?
"Ce ne sont pas que les mots qui comptent mais leur couleur", raconte Philippe Crône dans son dernier livre graphique La couleur des mots. On ne va pas s'attendre à une conversation soutenue mais à des échanges doux, chantants, souriants en évitant les sujets tristes, coupants, négatifs. Quoique, certaines mauvaises nouvelles seront à dire, pour peut-être pleurer ensemble. Peut-être pourrez-vous faire appel au psychologue de la maison et prévenir les professionnels d'éventuels moments de tristesse bien compréhensibles après une nouvelle difficile (une maladie, un décès par exemple).
Pour alimenter la conversation, on va s'appuyer sur la vie qui se vit là maintenant (agir, ranger, participer à la maison). On peut aussi se raconter les bons moments de l'histoire de vie (en évitant les douloureux), mais aussi partager les actualités du moment dans les journaux, dans les albums photos qui défilent sur les écrans ou sur des gazettes papier construites par toute la famille (comme Famileo, Familink…). Sans oublier la vie entre les habitants de la maison, les rencontres, les affinités, les projets qui se créent comme se voir tous les jours autour du journal, d'un café, dans la vie de quartier.
On peut regarder et commenter ensemble nos programmes TV préférés, un documentaire, un film marquant, amusant. Feuilleter un livre ou magazine de photos, de peintures, de poésies, d'oeuvres d'artistes sont des ouvertures formidables, qui émeuvent, bousculent y compris pour les personnes qui n'y étaient pas habituées. "Nous avons l'art pour ne pas mourir de la vérité" disait Nietzsche.
On peut aussi jouer : 2 minutes ensemble ! qui repose sur l’échange intergénérationnel en répondant à une question piochée au hasard. Je décris la meilleure invention de tous les temps, je raconte un jouet ou une peluche qui a accompagné mon enfance… Des questions simples qui engagent la conversation et font appel aux souvenirs ainsi qu’à l’imagination.
La nouvelle maison propose sûrement des activités (culturelles, artistiques, musicales, des jeux, des activités physiques adaptées), des lieux (bibliothèques, salons, espaces de jeux pour les petits), un jardin, une mini-ferme… autant de sources d'émerveillements devant la vie qui s'offre à nous.
On pourra sortir aussi : aller faire une course, découvrir un nouveau lieu, visiter un musée, se faire une toile, fleurir une tombe…
Et puis parfois le silence est d'or.
La présence sera simple, intense, suffisante avec des regards, des touchers, une connexion d'âme à âme comme le raconte magnifiquement feu le poète Christian Bobin dans La présence pure.
Même si votre proche ne sait plus vous nommer, votre présence, votre regard parlent d'eux-mêmes. Il ressent le lien, la connexion, la chaleur de la rencontre… et vous aussi.
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Outils et fiches pratiques
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