Les relations intergénérationnelles sont-elles réellement dégradées ?

« On s’accorde souvent sur le fait que ces liens intergénérationnels se seraient délités au fil des dernières décennies, face à la montée de l’individualisme, avec en musique de fond la nécessité de les reconstruire », écrit la présidente de l’association Anne Géneau en ouverture du rapport.

Ce travail vise d’abord à faire un état des lieux des relations entre les générations en 2023. Pour ce faire, deux sondages ont été réalisés en miroir sur la base d’un questionnaire similaire, l’un administré par téléphone auprès des 60 ans et plus et l’autre mené en ligne auprès des 18-30 ans.

Verdict : c’est vrai, jeunes et vieux se côtoient moins. Un quart des personnes âgées voit moins ses enfants et ses petits-enfants qu’avant et plus d’un 18-30 ans sur deux voit moins ses grands-parents qu’avant. Principalement en raison de l’éloignement géographique et, pour les plus jeunes, de leur prise d’indépendance.

Et plus de la moitié (56 %) des 18-30 ans estiment ne pas voir suffisamment ses grands-parents.

En dehors de la famille, il est plus difficile de tisser des liens intergénérationnels et de maintenir des liens amicaux, surtout quand l’écart d’âge est important. Pourtant, 52 % des 18-30 ans et plus sont demandeurs de plus de liens avec les personnes âgées et 44 % des 60 ans et plus le sont envers les jeunes, révèle l’enquête. Tous plébiscitent le bénévolat, la sensibilisation de la jeunesse et les actions favorisant les rencontres pour renforcer ces liens.

Sur ce dernier point, les auteurs du rapport invitent à rendre « visibles et crédibles » les actions intergénérationnelles. Pour eux, il est essentiel de proposer un projet commun qui fédère et guide les protagonistes, avec un principe de réciprocité entre les générations (pour éviter que l’une des générations reste « passive » ou spectatrice dans l’échange) et doté d’un mode opératoire.

Ils décortiquent les actions généralement proposées, pointant les avantages et les inconvénients de chacune : cohabitation intergénérationnelle, habitats collectifs avec espaces communs, garde d’enfants, rencontres dans les crèches, écoles, maisons de retraite… autant d’initiatives qui n’ont pas toujours les résultats attendus.

Aussi, le rapport détaille dix préconisations :

1. Créer les conditions et les opportunités pour faciliter les rencontres entre générations ;
2. Mener une vraie politique de maintien des salariés seniors dans l’emploi ;
3. S’opposer à la marchandisation du lien social ;
4. Mener une politique de sensibilisation en milieu scolaire sur le vieillissement et à la lutte contre l’âgisme ;
5. Mieux évaluer les actions intergénérationnelles qui bénéficient de subventions publiques ;
6. Prioriser les actions intergénérationnelles en faveur des plus âgés mais aussi des plus précaires, jeunes comme plus âgés (les liens sont particulièrement distendus quand les personnes sont en situation de précarité) ;
7. Favoriser le bénévolat des étudiants, des jeunes actifs comme des plus âgés ainsi que le développement du Service Civique Solidarité Seniors (SC2S)
8. Proposer des offres compétitives qui favorisent le départ en famille élargie ;
9. Faciliter le quotidien et la mobilité des plus âgés ;
10. Renforcer la lutte contre l’exclusion numérique des personnes âgées pour aider au maintien du lien social.

Pour (re)construire les liens de génération en génération, sur la durée, et durant toute la vie afin de favoriser une meilleure cohésion sociale.

Lire le rapport Isolement des personnes âgées et liens entre générations - indifférence ou désintérêt entre jeunes et vieux : réalités ou préjugés ? Petits frères des pauvres - septembre 2023