Le bénévolat se transforme, mais reste un pilier de la société

Les formes d’engagement sont de plus en plus diversifiées : le bénévolat peut être régulier ou ponctuel, de compétences, passer ou non par une association…

La crise sanitaire est venue accélérer un peu plus cette mutation du bénévolat, se traduisant notamment par une diminution de l’engagement associatif.

Si en 2023, la proportion de bénévoles remonte pour atteindre celui de 2010, soit 23 % des Français engagés dans une association, le portrait-robot du bénévole, lui, a changé.

La proportion des personnes de 65 ans et plus qui donnent du temps à une association baisse fortement : il y a désormais davantage de bénévoles associatifs de 15-34 ans (31 %) que de bénévoles de 65 ans et plus (26 %).

Pour Isabelle Persoz, déléguée générale de Tous Bénévoles, ce phénomène s’explique par le fait que les plus de 65 ans ont été secoués par la crise du covid-19, mais sont aussi sollicités de toutes parts, pour s’occuper de leurs petits-enfants comme de leurs parents vieillissants.

Par ailleurs, la fréquence de l’engagement a diminué : en 2023, 22,8 % des Français sont bénévoles en associations, dont 9,2 % donnent du temps chaque semaine, 7,3 % chaque mois et 6,3 % ponctuellement dans l’année. En 2010, l’engagement ponctuel concernait moins de 5 % des bénévoles, contre 12,5 % pour l’engagement hebdomadaire.

Des évolutions qui n’enlèvent rien au rôle clef que jouent les bénévoles dans la société. D’abord parce que le travail bénévole représente 680 000 équivalents temps plein.

Au côté des aidants, des femmes au foyer, ils accomplissent des « activités utiles, non reconnues et non rémunérées » qui « dessinent une forme de protection sociale de proximité », souligne un rapport paru en septembre.

Ils prennent soin d’eux et des autres (familles, amis, voisins…), ils prennent soin du vivant, et ils produisent du sens. Un système de solidarité collective, au service, entre autres, des plus fragiles.

Parmi les bénéficiaires de cet engagement : les résidents de maison de retraite. Les bénévoles y tiennent une place essentielle, au regard du manque de personnel notamment, à tel point qu’ils peuvent être représentés dans les conseils de la vie sociale des Ehpad.

Un engagement qui évolue lui aussi. L’association Adelis (alliance pour le développement d’écosystèmes locaux interactifs de solidarités) milite depuis 2020 pour une plus grande inclusion des bénévoles dans la vie des établissements.

Elle a ainsi créé le label MR +, pour des maisons de retraite plus inclusives, un programme qui cherche entre autres à « faire en sorte que les bénévoles ne soient pas des supplétifs, mais soient totalement intégrés au projet d’établissement, avec une politique et une animation ad hoc ».

Il pourrait être utile, aussi, de regarder ce qui se passe à l’étranger. Aux Pays-Bas par exemple, des établissements tissent des liens avec des associations locales, non pas pour apporter des temps de convivialité aux résidents, mais pour s’occuper du jardin ou des animaux de la maison de retraite.

La relation qui se noue entre les résidents volontaires pour participer à ces activités et ces personnes extérieures est ainsi motivée par des intérêts communs, comme elle le serait au sein de n’importe quelle association, dans un rapport d’égal à égal.

Sources

Les Français et le bénévolat en 2023, enquête Ifop pour Recherches & solidarités

« Un boulot de dingue » - Reconnaître les contributions vitales à la société, Secours catholique/association AequitaZ, septembre 2023