Label de bientraitance en Ehpad : espoirs et interrogations des familles

Respecter l'intimité, le domicile, les rythmes de chacun, aider à vivre et mourir debout (20 minutes de verticalité sur 24 heures pour éviter la grabatisation), proposer zéro soins de force (forcés) sans abandonner les soins (avec des techniques connues de tous les professionnels), ouvrir l'établissement sur l'extérieur, être un lieu de vie-lieux d'envies.

Ces principes peuvent sembler utopiques au regard des scandales, des vécus de nombreuses personnes qui vivent en établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), au regard des constats douloureux de nombreuses familles culpabilisées.

Les images du reportage montrent le niveau de professionnalisme requis pour atteindre cette qualité de prise en soin. Du directeur à l'aide-soignante, tout le monde s'est formé et continue inlassablement de se former, pour acquérir les techniques qui évitent les troubles du comportement jusqu'aux risques de maltraitance.

Les maladies, les situations de soin, les cultures soignantes sont déminées par l'Humanitude qui propose une philosophie de soin et 150 techniques qui professionnalisent les regards, les paroles, les touchers, la verticalité, l'organisation de tous les temps de prises en soin, 24 heures du 24, 7 jours sur 7.

Ce sont les établissements pilotes qui ont créé ce label. Ils ont décliné en près de 500 critères les principes de l'Humanitude. Il leur faut plusieurs années de formations, d'autoévaluations pour atteindre les critères d'éligibilité du label et demander la visite de labellisation sur site.

Le label Humanitude est décerné pour 5 ans avec l'obligation de produire chaque année une évaluation des 500 critères et une visite de suivi sur site au cours de ces 5 ans.

Sans triomphalisme, sans angélisme, la démarche de labellisation est exigeante mais aussi structurante et outillée pour les équipes qui se sentent aujourd'hui abandonnées, livrées à elles-mêmes devant des situations de soin de plus en plus complexes avec des besoins constants de recrutement. Le label Humanitude devient une marque employeur selon une étude menée avec le soutien de la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie). Les résultats se voient dans le reportage : les professionnels sont fiers de leur métier, ils ne s’essoufflent plus. Au contraire, ils sont nourris des regards, des sourires des personnes aidées. La bientraitance réciproque s'installe.

Les pionniers du label Humanitude sont publics, associatifs. Leur tarif est dans la moyenne des Ehpad de France (2200 euros par mois). Le livre Vieillir debout, ils relèvent le défi : le label Humanitude d'Annie de Vivie chez Chronique sociale dresse le portrait des dix premiers labellisés.

Le label Humanitude demande un engagement sans faille de la direction. C'est une démarche d'amélioration continue de la qualité qui mobilise tous les professionnels (du soin, de la vie sociale, de la restauration), tous les habitants avec leurs familles et proches, pour déployer leurs projets, debout jusqu'au bout. Comme tout label, il n'est pas attribué à vie. Il demande de répondre aux principes et critères en continu.

La trentaine d'établissements et services à domicile labellisés (comme le Spasad de l'association Bien être à Hazebrouck) sont des structures ressources sur les territoires. Ils soutiennent la centaine d'établissements et services qui s'engagent aujourd'hui vers le label.

La Haute autorité de santé (HAS) va démarrer en 2023 le déploiement d'une certification nationale et obligatoire des établissements et services médico-sociaux.

Les structures labellisées Humanitude sont alignées sur ce référentiel officiel et vont même plus loin.

Parmi les labels et certifications, iI existe une norme Afnor, une certification Validation® de Naomi Feil, les labels "Etablissement bientraitant", SGS Qualicert, Grey Pride, Maison de retraite inclusive et demain une charte d'engagement des établissements privés commerciaux.

De quoi redonner confiance dans ces établissements et services essentiels pour aider à vivre, vieillir debout, malgré tout, jusqu'au bout.