Comprendre les fragilités
Journée mondiale du sida : un accueil à la journée innovant pour les personnes âgées vivant avec le VIH
Grâce l’amélioration des traitements, il est possible de vivre longtemps avec le VIH. Un Portugais porteur du virus a même fêté ses 100 ans en 2019. Mais la maladie et son traitement entraînent des difficultés spécifiques au plan physique, cognitif et psychologique. A Paris, le programme L’ÉQUILIBRE, unique en son genre, a pour but d’accompagner ces personnes. Explications.
En France, 50 % des personnes vivant avec le VIH ont plus de 50 ans. 14 % des personnes séropositives de plus de 65 ans vivent à Paris.
Face à ce constat, le centre d’accueil non médicalisé parisien Maison DAELIA ouvre en juin dernier un programme dédié aux personnes âgées porteuses du virus, en collaboration avec la professeure Christine Katlama (découvreuse du VIH-2, responsable de l’unité de prise en charge ambulatoire du Service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière).
Un cycle de six à huit séances, à raison d’une fois par semaine, pour travailler sur le corps, la tête et l’esprit. « Les personnes atteintes du VIH sont particulièrement sujettes à l’ostéoporose, à la sarcopénie, à l’insuffisance rénale ou au diabète », explique Célia Abita, présidente de la Maison DAELIA.
« La trithérapie entraîne quant à elle un pic de maladies neurodégénératives. Et les malades souffrent beaucoup d’isolement, de discriminations. Les personnes de plus de 65 ans qui vivent avec le VIH ont un risque 5 fois plus élevé d’avoir des troubles dépressifs », ajoute-t-elle.
Lors de chaque séance, les participants – une dizaine au maximum – prennent part à des ateliers de stimulation motrice, cognitive, déjeunent ensemble… qu’ils soient ou non porteurs du VIH.
« Personne, pas même le personnel, ne sait qui est atteint de quelle pathologie ». Une façon de recréer du lien, d’éviter aussi de stigmatiser les malades et de proposer un accueil éthique et bienveillant.
Les personnes qui fréquentent le centre sont orientées par leur médecin, leur psychologue, ou prennent d’elles-mêmes contact avec la Maison DAELIA. Mais bien qu’elle soit une entreprise de l'économie sociale et solidaire (ESS), l’accueil n’y est pas financé.
« Nous nous débrouillons seuls, avec nos fonds propres », regrette Célia Abita. « Nous alertons les pouvoirs publics, pour permettre à ce type d’accueil de se développer, pour l’ouvrir à une population modeste, il faut qu’il soit défiscalisé ». Aujourd’hui, la participation demandée se monte en effet à un peu moins de 10 euros de l’heure. Une somme qui n’est pas à la portée de toutes les bourses.
Renseignements : 01 46 51 26 03