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Interdictions de visites, isolements abusifs : familles, gériatres et la fédération de lutte contre la maltraitance montent au créneau
Si Santé Publique France indique une légère baisse du taux d’incidence (3 639,9 pour 100 000 habitants, plus faible taux depuis le 20 janvier), le covid-19 circule toujours activement sur le territoire. Toutefois, face au variant Omicron, jugé plus transmissible mais moins virulent, les associations de gériatres et le 3977 appellent les maisons de retraite à “ne pas entraver les libertés” des résidents.
Le 20 décembre dernier, peu avant les fêtes de fin d’année, le gouvernement présentait un nouveau protocole destiné aux établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), insistant sur la nécessité de “protéger sans isoler”.
Une doctrine pas toujours respectée comme l’attestent de nombreux témoignages de familles. Parmi ces témoignages, celui de Pascal Soetens ("Pascal le grand frère") montre que les libertés individuelles des habitants de certaines maisons de retraite sont toujours mises à mal.
Dans un entretien au magazine Télé-Loisirs, l’animateur TV se confie sur le désarroi de sa mère, atteinte de la maladie Parkinson, vaccinée et testée négative mais contrainte de rester enfermée dans sa chambre de 15 m2.
Mobilisés pour faire respecter les libertés des résidents
Un appel à l’aide parmi d’autres, qui a repris du poids ces derniers jours avec les publications de la SFGG, la fédération 3977 ou encore du think tank “Cercle des Proches Aidants en Ehpad” (CPAE).
Le CPAE avait alerté la ministre déléguée à l’Autonomie le 21 novembre dernier sur des reconfinements abusifs dans certains Ehpad.
Près de deux mois plus tard, Brigitte Bourguignon a finalement répondu à cet appel, signifiant que “les directeurs peuvent être amenés à prendre des mesures de protection proportionnées et temporaires” si au moins 3 cas covid + sont repérés dans l'établissement.
Une réponse insatisfaisante pour le think tank qui a adressé un nouveau courrier au gouvernement rappelant que “les mesures "punitives" et privatives de liberté, répondant à des logiques purement sécuritaires et hygiénistes et prises systématiquement sans l'accord des résidents et/ou des familles, sont contraires à la constitution de notre pays”.
Numéro national dédié à lutter contre les maltraitances envers les personnes âgées et les adultes en situation de handicap, le 3977 constate “une grande disparité de pratiques” à travers les nombreux appels reçus ces dernières semaines.
Interdictions inappropriées des visites de familles aux résidents, mesures de confinement individuel, défaut d’information… face aux alertes récentes, la fédération 3977 demande, dans un communiqué, “que soit discuté de façon systématique, pour chaque résident, son meilleur intérêt ou le moindre risque encouru, et que les choix fassent l’objet d’une information accessible et rapide à l’intéressé et aux familles concernées”.
Les recommandations des gériatres
Un appel qui trouve écho aussi du côté des gériatres de la SFGG, CNP et CNEG qui, face au variant Omicron “moins sévère, même chez les personnes âgées”, proposent de nouvelles recommandations afin de “mieux répondre à la situation sanitaire”.
Ainsi les associations de gériatres préconisent de repenser la politique des tests en privilégiant l’utilisation d’autotests “moins agressifs pour la personne âgée”.
Les associations rappellent par ailleurs que la situation actuelle n’a plus grand-chose à voir avec les premières vagues et que le variant Omicron, aujourd’hui largement majoritaire sur le territoire, ne constitue plus le même danger.
Les gériatres invitent donc les directeurs d’établissement à “ne pas opter à nouveau pour une logique d’isolement et de fermeture et de ne pas entraver les libertés des résidents”.