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Comprendre les fragilités

Guérir la vieillesse… Parce que la vieillesse est une maladie ?

Auteur Annie De Vivie

Temps de lecture 2 min

Date de publication 11/04/2022

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Le livre du chercheur Jean-Marc Lemaitre s'appuie sur le rajeunissement de cellules souches pour extrapoler vers un nouvel allongement de l'espérance de vie. Le titre Guérir la vieillesse part du postulat que la vieillesse serait une maladie." Sûrement pas : la vieillesse est une étape de la vie" explique le philosophe Didier Martz lors d'une webconférence de l'association tarnaise de gérontologie emmenée par le docteur Bernard Pradines.

C'est le professeur Shinya Yamanaka, prix Nobel de médecine, qui a monté en 2012 l'intérêt des cellules souches et leur potentiel rajeunissement. Il serait alors possible de reprogrammer des cellules sénescentes pour se réparer, s'enthousiasme Luc Ferry dans la préface du livre "Guérir la vieillesse".

Et si le génotype était passé à la moulinette aux âges charnières de 36, 60 et 78 ans pour prévenir voire guérir l'arthrose, l'ostéoporose, les maladies cardio-vasculaires ? C'est le pari de l'ouvrage vers une médecine régénérative personnalisée.

Il rappelle néanmoins l'importance de l'épigénétique, c'est-à-dire l'influence des facteurs extérieurs à la génétique sur l'expression de nos gènes.

Les zones bleues qui concentrent le plus de centenaires dans le monde (page 81), montrent en effet que seuls 25 à 30 % de la longévité relève de la génétique des habitants
.

Les causes de la longévité sont surtout attribuées aux conditions de vie : peu de tabac et d'alcool, une activité physique quotidienne (la marche), des relations sociales continues (famille, voisinage, associations), un régime alimentaire avec peu de viande et beaucoup de légumes (secs notamment).

"La vieillesse n'est pas une maladie
" insiste le philosophe Didier Martz "même si l'homme ne renonce pas à vieillir... jeune !". L'approche bio-politique de la vieillesse montre comment le pouvoir s'intéresse à la vie des individus pour les modeler, leur demander de répondre aux normes (ne pas fumer, ne pas dépasser un taux de cholestérol, avoir une sexualité protégée)... jusqu'à la tyrannie du bien vieillir avec ces crèmes anti-rides, devenues anti-âge et demain anti-vieux ?

La vieillesse est un des temps de la vie où apparaissent statistiquement plus de situations de fragilité et de maladies liées à l'âge. Mais la médecine ne pourra seule accompagner ce temps de la vie. Elle aura besoin des sciences sociales, des ressources des territoires pour penser et prendre soin de ces "anormaux", au regard de la norme attendue : jeuniste, prônant l'efficacité, l'utilité, l'autonomie fonctionnelle et la disparition de la mort de nos vies quotidiennes.

Médicaliser la vieillesse serait oublier de penser que l'homme est un animal politique (Aristote), fait pour vivre en société. Une société pour tous les âges, toutes les situations de vulnérabilité, quel que soit le territoire, le lieu de vie. Une société où les plus vulnérables, les plus malades, les plus vieux, rappellent aux autres "memento mori" : souviens toi que tu vas mourir.

Vieillir c'est donc grandir, s'augmenter et diminuer, avec son patrimoine génétique, conclut Didier Martz.

Voir le replay de la conférence de Didier Martz : Vieillir c'est grandir et se grandir de l'Association tarnaise de gérontologie (ATG).

Guérir la vieillesse
Jean-Marc Lemaitre
Editions humenSciences
320 pages - 19 euros

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