Connaître vos droits
Grand âge : des droits sanctuarisés à défendre au quotidien
Les droits de l'Homme et du citoyen sont sanctuarisés dans notre constitution.
Ils sont le sommet de la hiérarchie des normes et aucune loi, aucun texte réglementaire ou médical, ne peut les contester, les contredire, les désavouer, les nier.
Cette sanctuarisation des droits au respect de la liberté (d'aller et venir), de l'égalité (quel que soit l'âge, le handicap), de la fraternité (pour aider à vieillir debout) vaut le coup d'être rappelée. D'autant que rien n'est jamais acquis, surtout pour les personnes historiquement discriminées comme les femmes, les vieux, les homosexuels, les croyants de certaines religions. Notons ainsi qu'au regard de l'effroyable retour en arrière des Etats-Unis concernant le droit à l'avortement, le gouvernement envisage aujourd'hui de l'insérer dans notre constitution.
Ayons donc toujours en tête notre constitution et nos trois valeurs clés : liberté, égalité, fraternité.
C'est une boussole pour nous assurer du respect des droits de chaque citoyen et donc des personnes en situation de vulnérabilité.
Le droit de disposer de ses papiers, de son identité, même sous tutelle : des démarches sont à connaître, pour les proches aidants notamment.
Le droit à la santé alors que la 7eme vague covid déferle et que les plus âgés sont ses premières victimes dans un système de santé qui prend l'eau.
Le droit au logement, dans des habitats dont on peut facilement sortir pour accéder aux commerces de proximité, aux services de santé : les chiffres clés sont 20 minutes à pieds ou en voiture, 40 minutes en transport en commun... sinon on risque de bafouer la liberté fondamentale d'aller et venir, au risque de ne plus sortir et d'enclencher la spirale de l'enfermement, de l'isolement avec les conséquences délétères et coûteuses pour notre société que l'on connaît.
Le droit de décider les conditions de sa fin de vie avec les directives anticipées : découvrez cette semaine comment s'amuser à les rédiger avec un escape game.
Le droit d'être aidé, d'être entouré avec cette semaine ces pistes pour les jeunes bacheliers, les étudiants qui en profiteraient pour se former aux magnifiques métiers du lien, porteurs de sens, de valeurs. Voir aussi deux jolis livres bourrés de repères dans la traversée des péripéties du grand âge comme cette saloperie d'Alzheimer.
Le droit à la parole, à l'écoute, au consentement, à l'assentiment, avec des professionnels formés à ces enjeux comme le montrent les témoignages d'habitants dans le livre Brèves d’Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Caroline Gros & Anna Le Vigouroux.
Droit au choix, droit au risque, droit à l'intimité, la sexualité, à l'intégration sociale... Sanctuariser, rappeler, défendre, ces droits de tout citoyen est fondamental.
Reste à nous donner individuellement et collectivement les moyens de les mettre en œuvre concrètement quand la maladie, la vulnérabilité s'en mêlent.
Nous avons besoin d'organiser et de financer des services, des solutions, des habitats, qui respectent ces droits, qui ne deviennent pas des zones de non-droit, avec des professionnels formés, compétents, en nombre suffisants, accessibles y compris financièrement.
Nous avons besoin de temps, de lieux pour favoriser la compréhension de ces droits (et devoirs), l'alliance entre les proches et les professionnels, le dialogue face aux situations extrêmes de la vie. L'enfer est aussi pavé de bonnes intentions. La hiérarchie des droits fondamentaux peut vite être mise sous le tapis face aux savoirs, aux sachants, aux peurs, au sentiment d'urgence, de sécurité...
Cela va demander des efforts, des moyens, de l'écoute, du dialogue, des coordinations, une gouvernance de l'aide à l'autonomie, de la défense des droits, partout sur le territoire, avec une vraie loi grand âge tant attendue, des repères qualité clairs, partagés, évalués, financés (par des cotisations ou un juste prix).
Sachant que rien n'est jamais gagné face aux forces réactionnaires, aux corporatismes, aux croyances…
Il y a urgence à défendre les droits de l'Homme et du citoyen quel que soit son âge, son handicap, son lieu de vie.
Car bafouer les droits (avec les conséquences sur la société, sur la santé, sur les surcoûts dont on se passerait bien) rejaillira d'abord sur les plus faibles, les plus discriminés, les plus vieux d'entre nous.
Bafouer ces droits rejaillira sur nous demain.
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