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« Faux Brad Pitt » : quand l’IA sert à tromper les victimes
L’affaire a fait grand bruit la semaine dernière : l’émission Sept à huit du 12 janvier révélait l’arnaque incroyable dont a été victime Anne, 53 ans. Ciblée par des escrocs en ligne qui se faisaient passer pour Brad Pitt, elle a été délestée de plus de 800 000 euros. Une forme d’escroquerie très fréquente, qui vise notamment les baby-boomers en s’appuyant sur l’intelligence artificielle.
Comme souvent, les arnaqueurs ont profité de la vulnérabilité de leur victime pour lui soutirer de l’argent. Lorsque les échanges avec le prétendu Brad Pitt commencent via le réseau social Instagram, Anne vit des difficultés de couple. Elle se met à échanger quotidiennement avec « Brad Pitt », qui lui explique rapidement lui avoir envoyé des cadeaux de valeur mais qu’elle doit payer 9 000 euros de droits de douane. Une somme dont elle s’acquitte, pour des cadeaux dont elle ne verra jamais la couleur.
L’affaire prend une autre tournure quand Anne divorce de son mari millionnaire : elle empoche alors une coquette somme d’argent, et en fait part à « Brad Pitt ». Celui-ci lui annonce alors être atteint d’un cancer et avoir besoin d’argent pour régler ses frais médicaux, car les comptes de « l’acteur » seraient bloqués en raison de son divorce avec Angelina Jolie. Anne lui fera parvenir en tout 830 000 euros, avant de se rendre compte de la supercherie.
La naïveté de la victime interpelle, mais il faut dire que ses arnaqueurs ont tout fait pour lui faire croire à cette histoire d’amour improbable. A coup de photos générées par intelligence artificielle de l’acteur soi-disant hospitalisé, mais aussi de vidéos.
Des images pourtant très grossières, mais qui montrent bien que tout le monde n’est pas en mesure de reconnaître des images authentiques.
Les baby-boomers, des cibles de choix pour les arnaqueurs
Les plus âgés en particulier : on parle même de « boomers traps », piège à boomers. Les baby-boomers sont en effet actifs sur internet, mais moins à l’aise avec l’IA.
Le magazine Notre Temps consacrait même un article au phénomène en octobre, expliquant que ces images avaient parfois simplement pour but de générer des « likes » et des commentaires, mais servaient parfois aux escrocs pour ferrer leurs proies.
« Les brouteurs [escroc opérant sur Internet, notamment sur les réseaux sociaux NDLR] repèrent des proies dans les discussions des fils de commentaires et incitent les utilisateurs à sortir de Facebook pour discuter via des messageries et leur soutirer de l'argent ou les envoyer vers des sites frauduleux », précise l’expert en cybersécurité cité dans l’article.
Dans le cas du faux Brad Pitt, il s’agit d’un type d’arnaque bien particulier, mais très fréquent : l’escroquerie sentimentale. Un documentaire Netflix est même consacré au sujet.
« L’escroquerie sentimentale, également appelée « arnaques aux sentiments » ou « arnaque à la romance », débute habituellement sur des sites de rencontre ou sur les réseaux sociaux, sur lesquels une personne aborde la victime en exprimant, au fil des échanges, des sentiments amoureux ou amicaux forts à son égard », peut-on lire sur le site Cybermalveillance.gouv.fr.
« Après avoir gagné la confiance de la victime et l’avoir mise sous son emprise affective, l’escroc lui demande de l’argent sous différents prétextes d’urgence (administrative, médicale, financière…) ».
Prévenir les arnaques et savoir y réagir
L’escroquerie dont a été victime Anne est donc un cas d’école. Mais comment s’en prémunir ?
D’abord, en apprenant à reconnaître les images générées par l’IA. Elles manquent généralement de naturel, semblent « trop belles pour être vraies ». Par ailleurs, l’intelligence artificielle a souvent du mal avec les détails, et notamment les mains des personnes : il faut donc les observer attentivement pour vérifier que rien ne cloche.
Ensuite, en protégeant ses données, en ne divulguant pas d'informations en ligne. Le site Cybermalveillance.gouv.fr souligne que « les escrocs pourraient en effet utiliser ces informations pour mener à bien leur escroquerie ».
Enfin, en se confiant à des proches, en leur demandant leur avis au moindre doute.
Et si vous êtes victime d’une telle escroquerie, il faut en parler, déposer plainte et informer votre banque. La plateforme Info Escroqueries du ministère de l’Intérieur, joignable au 0 805 805 817 (appel et service gratuits) de 9h à 18h30 du lundi au vendredi pourra vous conseiller sur la marche à suivre.
C’est difficile, mais dépasser la honte de s’être fait avoir permettra de faire cesser les agissements des escrocs.
Si vous pensez qu’une personne de votre entourage est sous l’emprise d’arnaqueurs, vous pouvez aussi appeler Info Escroqueries. Et s’il s’agit d’un proche âgé, se montrer encore plus vigilant : d’après le neuropsychologue américain Duke Han et la doctorante en psychologie clinique Laura Fenton, la vulnérabilité aux escroqueries pourrait être un indicateur précoce de la maladie d’Alzheimer.
Photo : Harald Krichel, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
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