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Comprendre les fragilités

Espérance de vie : augmentation du nombre d’années vécues sans perte d’autonomie

Auteur Raphaëlle Murignieux

Temps de lecture 2 min

Date de publication 02/12/2024

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Les derniers chiffres du ministère de la Santé montrent que l’on vit plus longtemps sans perte d’autonomie. Une bonne nouvelle, mais qui traduit aussi une stagnation de l’espérance de vie globale. Explications de Jean-Marie Robine, directeur émérite à l’Inserm.

Espérance de vie à la naissance, espérance de vie en bonne santé, espérance de vie sans incapacité… Ces indicateurs recouvrent des réalités différentes, mais pourtant liées.

Car ce gain d’espérance de vie sans incapacités, estimé par la Drees (direction de la recherche, des études et de l’évaluation des statistiques) à 0,8 an pour les femmes et 0,5 an pour les hommes, est en réalité causé par un ralentissement de l’espérance de vie tout court.

« Auparavant, on gagnait environ trois mois par an, mais depuis une dizaine d’années, l’espérance de vie stagne », explique Jean-Marie Robine.

Ce qui entraîne une « compression » des années vécues sans incapacités. « En 2009, 40 % des années vécues après 65 ans étaient sans incapacités, aujourd’hui c’est 50 % ».

Mais à quoi est due cette stagnation de l’espérance de vie ? Certes, de nombreux « accidents démographiques » ont émaillé ces dernières années : vagues de chaleur, épidémies de grippe et bien sûr de covid-19.

Mais sans doute que nous sommes simplement proches de la fin de l’espérance de vie, ajoute Jean-Marie Robine. « C’est ce qu’avait prévu le biologiste James Fries à la fin des années 1980 ».

Seulement, c’est aussi l’époque où on commence à découvrir les grands principes de prévention que sont l’arrêt du tabac, de l’alcool, l’importance de l’alimentation, du sommeil… ce qui a conduit à une baisse de la mortalité des plus de 65 ans et donc aux gains d’espérance de vie observés. La théorie de James Fries s’est donc retrouvée temporairement invalidée, mais semble se confirmer aujourd’hui.

Jean-Marie Robine prévient cependant que ces résultats gagneraient à être précisés, d’autant que les personnes les plus âgées ne sont pas toujours bien représentées dans les enquêtes : celles qui y répondent sont souvent celles qui sont le plus autonomes.

Et si la perte d’autonomie recule, faut-il revoir à la baisse les futures ouvertures de places d’Ehpad ?

S’il est vrai que ces tendances démographiques peuvent avoir pour conséquence la baisse du nombre de candidats pour entrer en Ehpad à l’avenir, on ne sait pas ce qui va se produire, avertit Jean-Marie Robine.

« Dans les années 1960, on a observé le même arrêt de la croissance de l’espérance de vie, avec une stagnation d’une dizaine d’années, puis la phase de croissance complètement imprévue avec un gain de trois mois par an », rappelle-t-il. « Si demain, on arrive à prévenir la fragilité, alors on va à nouveau gagner en espérance de vie globale ». Il convient donc de rester prudent.

Source : Perte d’autonomie à domicile : les seniors moins souvent concernés en 2022 qu’en 2015 Premiers résultats de l’enquête Autonomie 2022

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