Trouver son lieu de vie
Enfin libres : les résidents d’Ehpad ne sont plus privés de sortie
A condition d’être vaccinés, et que la direction l’autorise
Il y a un an, le 11 mars 2020, les résidents d’Ehpad étaient les premiers Français confinés. Aujourd’hui, ces établissements sont toujours soumis à des restrictions importantes, contre lesquelles s’élèvent résidents, familles et directions. Le Conseil d’Etat a tranché le 3 mars : l’interdiction de sortie est disproportionnée, et donc suspendue. En réaction, le ministère des Solidarités et de la Santé a publié un nouveau protocole levant l’interdiction, mais pour les résidents vaccinés uniquement, et sous conditions. Explications.
Vendredi 25 février, le Cercle des proches aidants en Ehpad (CPAE) publiait dans Le Figaro une tribune plaidant pour une levée des restrictions dans ces établissements, un texte soutenu par une quarantaine de signataires. Des personnalités comme dont la comédienne Stéphanie Bataille, l’humoriste Élie Semoun ou l’historien Franck Ferrand ; des professionnels de santé, d’Ehpad ; mais aussi par Annie de Vivie, fondatrice et rédactrice en chef d’agevillage.com, Yves Gineste et Rosette Marescotti, co-auteurs de l’Humanitude ou encore Philippe Crône, auteur d’Animer en Humanitude.
Un texte d’autant plus d’actualité aujourd’hui que le covid-19 semble fortement refluer en Ehpad, en lien avec la campagne de vaccination.
Au 2 mars, 512 605 résidents en Ehpad ou en unités de soins de longue durée (USLD) avaient reçu au moins une dose de vaccin, soit près de 82 % de tous les résidents. Dans certaines régions, la couverture vaccinale atteint même 99 %.
Près de 60 % des résidents ont quand a eu reçu les deux doses nécessaires.
En parallèle, alors que le taux d’incidence augmente partout en France, il recule chez les 75 ans et plus pour la quatrième semaine consécutive. De même que le nombre de décès.
Volonté d’ouverture sur le terrain
Des signes encourageants aussi observés par les directions, sur le terrain, qui ont pour certaines déjà entrouvert leurs portes.
Mais aujourd’hui, ce sont l’ensemble des établissements, mais aussi
les gériatres qui se prononcent en faveur d’un vrai assouplissement des
restrictions. « Nous ne sommes plus dans la même situation qu’en mars
2020 », observe Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa
(syndicat des Ehpad privés).
Comme les autres fédérations, le syndicat demande un retour des visites dans les chambres, de permettre les sorties et d’alléger les restrictions concernant le quotidien de l’Ehpad, en autorisant les animations en groupe supérieur à six personnes, les repas avec les familles…
Suspension des interdictions de sortie
La décision du Conseil d’Etat ne porte, elle, que sur l’interdiction des sorties qui « ne peut manifestement pas être regardée comme une mesure nécessaire et adaptée et, ainsi, proportionnée ».
Dans son ordonnance du 3 mars, l’institution spécifie que « Les recommandations émanant du ministère des Solidarités et de la Santé relatives à « l’adaptation des mesures de protection dans les établissements médico-sociaux et Unités de soins de longue durée accueillant des personnes à risque de forme grave face à la propagation de nouvelles variantes du SARS-COV-2 » sont suspendues en tant qu’elles prescrivent d’interdire les sorties des résidents des EHPAD ».
En théorie, les sorties pouvaient donc être autorisées dès le 3 mars. Le 4, la déléguée générale du Synerpa demandait un nouveau protocole, et vite : « 10 jours, ce serait déjà trop long », a-t-elle réagi.
Professionnels et résidents ont été entendus puisque de nouvelles
consignes ont été publiées durant le week-end sur le site du ministère
des Solidarités et de la Santé.
Des sorties sous conditions
Il indique que «les sorties sont autorisées pour les résidents vaccinés suivant un schéma vaccinal complet », c’est-à-dire ayant reçu « deux injections à 3-4 semaines d’intervalle pour un vaccin à ARN (Moderna, Pfizer BioNtech) ou 9 à 12 semaines pour le vaccin commercialisé par Astra-Zeneca + compter 14 jours après la 2e injection ».
Des sorties qui restent cependant très encadrées. Pour les autoriser – ou non - les directions doivent prendre en considération :
- La taille de l’établissement
- La nature de la sortie envisagée
- Le taux de vaccination des résidents et du personnel
- La circulation des variantes du virus sur le territoire
- L’avis de l’équipe soignante, et notamment du médecin coordonnateur.
Les sorties sont par ailleurs déconseillées dans les zones où un confinement local est en vigueur, et interdites pour les résidents non vacciné ou n’ayant reçu qu’une seule dose.
Un protocole qui laisse certains proches sur leur faim, à l'instar de Sabrina Deliry, fille de résident associée à la class action sur la gestion de la crise sanitaire.
En revanche, le protocole ne recommande ni l’isolement des résidents après leur sortie, ni de faire un test RT-PCR.