Trouver son lieu de vie
Ehpad : la qualité de l'accompagnement n'a aucun lien avec le prix facturé
Mise à mal par le scandale Orpea, l’idée que la qualité de l’accompagnement en Ehpad dépend du prix payé par le résident persiste. Une étude parue en décembre vient à nouveau démontrer que ce n’est pas le cas. Explications.
La tarification des Ehpad est plus complexe qu’on ne pourrait croire, car elle intègre trois budgets distincts : soins, « dépendance » et hébergement.
Le budget soins couvre les salaires des personnels soignants (médecin, infirmiers, aides-soignants), les actes médicaux et les médicaments. Selon que l’établissement est en tarif global ou non, il intègre aussi les actes de kinésithérapie, d’orthophonie et de tous les auxiliaires médicaux qui interviennent dans l’établissement, ainsi que les examens de biologie médicale courants et de radiographie légère (dans les établissements à tarif partiel, ils seront réglés par le résident qui sera ensuite remboursé par l’Assurance maladie).
Le fait que l’Ehpad soit en tarif global ou partiel pour les soins n’a aucune incidence sur la facture finale, puisque dans tous les cas, ce budget est versé par l’Assurance maladie. La partie soins ne rentre donc pas dans le prix facturé.
Le budget « dépendance », quant à lui, désigne les actes réalisés pour soutenir les résidents dans l’accomplissement des gestes de la vie quotidienne : aide au lever, à la toilette, aux repas…
Il est pour sa plus grande partie financé par la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) et les départements via l’allocation personnalisée d’autonomie (Apa) en établissement, avec un petit reste à charge pour le résident.
L’essentiel de la facture que vont régler les résidents chaque mois sert à financer le budget hébergement.
Celui-ci inclut :
- la chambre et son nettoyage,
- l’entretien, le nettoyage et la maintenance de l’établissement (parties communes, jardin…)
- l’accès à internet,
- la restauration (repas et collations) ;
- les animations,
- les prestations d’administration.
« En France, il n’existe quasiment pas de données ou d’indicateurs accessibles au grand public permettant d’apprécier la qualité des Ehpad, contrairement à d’autres pays. Dans ce contexte, les consommateurs se fient au prix d’hébergement comme indicateur de qualité (Werner et al., 2010 ; Zhao, 2016), même si ce prix ne couvre en réalité pas les soins personnels et sanitaires, qui sont pourtant des dimensions importantes pour les familles », résume l’Irdes dans son étude.
Etude qui a cherché à évaluer la qualité des Ehpad en tenant compte :
- du taux d’encadrement soignant (nombre de médecin, infirmiers, etc. par résident), des difficultés de recrutement déclarées par l’établissement et du taux de turnover du personnel ;
- du personnel non-soignant, essentiel à la qualité de vie quotidienne ;
- de la qualité du bâtiment (ancienneté du bâtiment, surface par résident, présence d’un jardin, climatisation des chambres, accessibilité aux fauteuils roulants et lits médicalisés) ;
- de la coordination avec les acteurs externes, notamment à travers le recours à la télémédecine, aux équipes mobiles spécialisées (soins palliatifs, gériatriques, psychiatriques) et à l’hospitalisation à domicile ;
- de la qualité des soins, à partir de la fréquence des hospitalisations (réadmissions à 30 jours, admissions non programmées ou potentiellement évitables).
Au regard de ces indicateurs, l’étude montre par exemple que les Ehpad privés lucratifs peu concurrencés par le secteur non lucratif ont des tarifs d’hébergement plus élevés, mais leurs résidents sont plus souvent hospitalisés.
« Globalement, nous montrons que les prix d’hébergement sont déterminés par le prix de l’immobilier dans le territoire d’implantation de l’établissement et à son objectif de profit », conclut l’étude, mais non à la qualité de l'établissement.
Un facteur à garder en tête avant de choisir un nouveau lieu de vie, d’autant que les prix des Ehpad sont de plus en plus chers : 2915 euros en moyenne par mois en 2023, et 1936 euros pour une place habilitée à l’aide sociale. Places habilitées que l’on trouve dans l’ensemble des établissements publics et 79 % des Ehpad associatifs, contre 4 % seulement des Ehpad privés commerciaux.
A partir de 2025, les Français devraient y voir plus clair car les résultats des évaluations de la qualité des établissements seront rendus publics. Rendez-vous dans notre édition du 6 janvier pour en savoir plus.
En attendant, les futurs résidents et leurs proches peuvent aussi s’appuyer sur la présence ou non de labels et certifications pour faire leur choix, comme le label Vivre, TBien, Humanitude ou encore Etablissement bientraitant.
Même si rien ne remplace les visites sur place, éventuellement un séjour sur place et des échanges avec les habitants, leur famille, le conseil de la vie sociale…
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