Trouver son lieu de vie
Droits en Ehpad : Paris veut mieux accueillir les animaux des résidents
Rencontre avec Renée Vinciguerra et Chouchou, à l’Ehpad Furtado-Heine (Paris XIV)
La ministre chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées Fadila Khattabi s’y était engagée le 1er mars, la loi Bien vieillir l’a inscrit dans le Code de l’action sociale et des familles en avril : les résidents d’Ehpad peuvent désormais emménager avec leur animal de compagnie… à certaines conditions. Pour que la cohabitation se déroule au mieux, la Ville de Paris présente cette semaine une charte destinée à tous les établissements de la ville. Et planche sur le sujet depuis déjà deux ans.
Un vieux monsieur de 15 ans. Chouchou a emménagé le 4 mars à l’Ehpad Furtado-Heine, dans le XIVe arrondissement parisien, avec sa maîtresse Renée Vinciguerra.
« Sa présence me console face à ce grand changement », confie la résidente, qui ne se voyait pas se séparer de son chat, avec qui elle partage sa vie depuis 14 ans déjà.
L’animal vit avec elle, dans sa chambre, sa litière est installée dans la salle de bains. Le fils de Renée Vinciguerra apporte croquettes et sacs de litière, et a installé un filet sur le balcon attenant à la chambre, pour éviter que le vieux matou ne chute du quatrième étage.
Mais Chouchou est prudent, et ne s’aventure guère hors de ses quartiers, préférant se prélasser au soleil, sur le lit de sa maîtresse.
C’est le caractère paisible du félin, mais aussi l’autonomie de sa maîtresse qui ont conduit la directrice de l’Ehpad, Anita Rossi, à accueillir le duo dans son établissement.
Il a fallu d’abord en parler au personnel, et réorganiser les missions de chacun pour éviter que les deux agents allergiques aux poils de chat soient en contact avec Chouchou.
« Il faut que l’accueil des animaux soit un projet d’établissement, il ne peut être imposé », approuve Maud Gatel, conseillère Modem de Paris, à l’origine de la proposition d’accueillir les animaux dans les établissements parisiens.
En 2022, elle demande que les établissements volontaires gérés par la Mairie accueillent des animaux de compagnie, afin de permettre l’élaboration d’une charte visant à définir les conditions de cet accueil.
« Une demi-douzaine d’établissements ont investi le sujet et travaillé sur cette charte, avec une association dédiée au bien-être animal », explique Véronique Levieux, adjointe à la Maire de Paris en charge des seniors et des solidarités entre les générations.
Il s’agit de formaliser le cadre de l’accueil, en prenant tous les paramètres en compte : autonomie du résident, tempérament de l’animal, vaccination, état de santé… et de « trouver un juste milieu entre cadre de vie individuel et cadre de vie privé », dans l’intérêt du résident, des autres habitants, du personnel et de l’animal.
Cette charte doit être signée par le résident qui souhaite emménager avec son animal, et est annexée au contrat d’accueil. Elle complète l’article 26 de la loi Bien vieillir, qui dispose que la loi garantit « aux résidents le droit d'accueillir leurs animaux de compagnie, sous réserve de leur capacité à assurer les besoins physiologiques, comportementaux et médicaux de ces animaux et de respecter les conditions d'hygiène et de sécurité définies par arrêté du ministre chargé des personnes âgées », arrêté qui n’est toujours pas paru à ce jour.
Trois mois après son arrivée à Furtado-Heine, « Chouchou fait partie de la maison », sourit Anita Rossi, qui s’est engagée à prendre le relais en cas d’hospitalisation de Renée Vinciguerra – une possibilité qui inquiète beaucoup la résidente.
« La question du devenir de l’animal a été intégrée dans la charte », indique Véronique Levieux, « afin que personne ne se retrouve dans une situation qui serait mal reçue par tous ».
Pour l’instant, tout le monde va bien, et Chouchou suscite l’intérêt de la plupart des agents comme des autres résidents : « il a beaucoup de succès ! », confirme Renée Vinciguerra.
Et si d’autres personnes souhaitent venir habiter à l’Ehpad avec leur animal, Anita Rossi prendra sa décision selon les caractéristiques de l’animal (espèce, taille, caractère…) et la capacité de la personne à s’en occuper. « C’est cependant une demande qui n’est quasiment jamais formulée », précise la directrice.