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Connaître vos droits

Deux millions de personnes âgées vivent sous le seuil de pauvreté : constats et solutions des Petits frères des pauvres

Auteur Raphaëlle Murignieux

Temps de lecture 3 min

Date de publication 30/09/2024

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Les Petits frères des Pauvres ont rendu public ce jour leur nouveau rapport, consacré aux personnes âgées qui vivent sous le seuil de pauvreté, et les conséquences alarmantes de cette précarité sur leurs conditions de vie.

L’Insee fixe le seuil de pauvreté pour une personne seule à 1216 euros par mois. Soit tout juste le montant moyen d’une pension de retraite du régime générale pour une carrière complète, et plus que le minimum vieillesse (ou allocation de solidarité pour les personnes âgées), qui s’établit actuellement à 1012 euros.

Conséquence : deux millions de personnes âgées de plus de 65 ans vivent sous le seuil de pauvreté, soit 11,1 % de cette catégorie d’âge. Une proportion en forte augmentation : elles n’étaient « que » 7,2 % en 2016. Les personnes âgées qui vivent seules sont plus particulièrement touchées, puisqu’elles sont près de 19 % à vivre avec moins de 1216 euros par mois.

Avec, contrairement aux idées reçues, une répartition égale entre les propriétaires et les locataires : posséder un bien immobilier n’est donc pas un refuge contre la pauvreté.

Près de 7 personnes âgées pauvres sur 10 témoignent d’au moins une privation au cours des 12 derniers mois.

En premier lieu, elles renoncent à aller au restaurant (43 %), et limitent leurs déplacements (41 %). Un quart d’entre elles se privent de recevoir leurs proches pour des raisons financières, 36 % de leur faire des cadeaux. Avec, par ricochet, un impact fort sur leur vie sociale puisqu’elles renoncent à sortir et à recevoir.

D’autres privations mettent leur santé en danger : 17 % d’entre elles sautent des repas, 25 % arrêtent le chauffage même s’il fait froid, et 14 % ne consultent pas de médecin quand elles sont malades. D’autres encore jouent sur leur estime d’elles-mêmes puisque 29 % ne vont pas chez le coiffeur.

La dématérialisation, facteur de pauvreté

Une situation dramatique face à laquelle beaucoup sont seules : 58 % d’entre elles ne bénéficient d’aucune aide, de leur entourage, de la part d’association ou des pouvoirs publics.

Un non-recours qui s’explique principalement par un manque d’information (57 % des personnes se disent mal informées sur les possibilités, dont 26 % très mal informées), et par la dématérialisation des services publics : 55 % des personnes interrogées sont mal à l’aise avec le numérique, et 18 % n’utilisent jamais internet, même si elles possèdent l’équipement nécessaire.

Une cause également identifiée par ATD Quart monde dans son plaidoyer 2024, qui qualifie la « numérisation excessive » de mécanisme favorisant « la maltraitance institutionnelle ».

Yann Lasnier, délégué général des Petits Frères des Pauvres, évoque aussi une question de culture : « la plupart des personnes n’ont pas pour habitude d’avoir recours aux travailleurs sociaux, notamment quand on s’éloigne des villes ». D’autant, ajoute-t-il, que les travailleurs sociaux eux-mêmes ont parfois du mal à se retrouver dans le maquis des aides existantes.

20 préconisations pour réduire la pauvreté des âgés

Face à cette situation alarmante, à ces conditions de vie dégradées, l’association formule 20 préconisations.

Elle demande par exemple que l’Aspa soit revalorisée au niveau du seuil de pauvreté. Une mesure estimée à 2 milliards d’euros par an, mais qui permettrait une modification très substantielle de la qualité de vie des personnes concernées, estime Yann Lasnier. Avec des économies à la clef, notamment pour le système de santé.

Mais aussi de supprimer la récupération sur succession liée à cette aide, qui favorise le non-recours.

Toujours dans l’optique de lutter contre le non-recours, l’association recommande la création d’un numéro vert national « Allô mes droits sociaux » pour informer sur les aides et les démarches, et orienter les appelants vers les bons interlocuteurs. Mais aussi l’actualisation du portail internet mesdroitssociaux assortie d’une grande campagne de communication pour le faire connaître.

Et pour permettre de mieux vieillir à domicile, le lancement d’un « plan Marshall » pour la rénovation des résidences autonomie ou le développement accru d’habitats alternatifs.

Faute d’action, la pauvreté des vieux risque de s’accélérer dans les prochaines années, conclut Yann Lasnier.

Consulter le rapport La pauvreté des personnes âgées - vivre sous le seuil de pauvreté quand on a 60 ans et plus (préconisations à partir de la page 138)

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