Bien vieillir (prendre soin de soi)
Dénutrition : cinq conseils pour les aidants
Savoir identifier et prévenir cette maladie silencieuse
Comment inciter son proche à manger, malgré des troubles cognitifs, des problèmes bucco-dentaires ou une perte d’appétit ? Comment adapter ses repas pour éviter la dénutrition, maladie invisible qui touche 25 % des personnes âgées de plus de 70 ans qui vivent seules en France ? Les conseils du professeur Laure de Decker, cheffe du service spécialisée en oncogériatrie du CHU de Nantes.
Véritable fléau, la dénutrition peut avoir des conséquences très sévères au grand âge : fatigue bien sûr, fonte musculaire qui augmente le risque de chute, mais aussi une sensibilité accrue aux infections et des difficultés de cicatrisation qui entraînent des escarres.
La dénutrition est donc une cause réelle de perte d’autonomie, contre laquelle il faut se prémunir. Les proches, les aidants ont un vrai rôle à jouer. Cinq conseils pour les aider à identifier, mais surtout à prévenir la dénutrition.
1. Peser, peser, peser
Il est essentiel de surveiller le poids des personnes à risques, c’est-à-dire âgées de 70 ans ou plus.
« Toute perte de poids doit alerter », insiste le professeur Laure de Decker, qui préconise a minima deux pesées par an.
Le collectif de lutte contre la dénutrition recommande pour sa part une pesée hebdomadaire, et indique qu’une perte de deux à trois kilos d’une semaine à l’autre doit alarmer.
De même, une personne qui mange moins et qui voit son poids diminuer de 5 % en un mois ou 10 % en six mois souffre à coup sûr de dénutrition.
Et si votre proche doit changer de vêtements devenus trop grands, c’est que la dénutrition est bien installée, prévient-elle.
Une perte de 5 kilos en 5 ans multiplie par deux le risque de décès dans les 5 ans à venir, ajoute-t-elle.
2. Connaître les goûts de son proche
Pour donner envie de manger, mieux vaut présenter aux convives des mets qui correspondent à leurs goûts. Partez des préférences gustatives, visuelles et olfactives de votre proche pour composer les menus, mettez la musique qu'il aime lors du repas...
Vous pouvez aussi faire appel à ses souvenirs, pour lui proposer, par exemple, ce riz au lait à la vanille qu’il adorait dans son enfance.
3. Enrichir les repas
Un dessert particulièrement adapté – s’il l’aime – car riche en protéine. La première conséquence de la dénutrition au grand âge étant la perte de masse musculaire, il va falloir enrichir l’alimentation de votre proche.
En ajoutant de la viande, s’il l’aime. Mais il existe bien d’autres possibilités : le lait poudre dans les potages, les œufs, des dés de jambon, de la crème, du fromage râpé ou non et tous les produits laitiers.
4. Multiplier les repas
Une collation le matin, un goûter à 16 heures, et pourquoi pas ? Si l’appétit de votre proche âgé ne lui permet pas de consommer un repas complet au déjeuner ou au dîner, n’hésitez à lui proposer de manger entre les repas.
« L’idée étant de manger souvent, comme on peut », souligne Laure de Decker. Des assiettes sucrées ou saler à picorer, parfois plus simples à déguster avec les doigts. « Mieux vaut que la personne mange seule avec les mains que de lui donner à manger », conseille la médecin.
5. Relever et varier les plats
Difficile de prendre du plaisir face à un plat fade. Laure de Decker invite à relever les plats, à utiliser beurre et moutarde, citron et vinaigre, herbes et aromates pour donner envie et varier les repas. La variété augmente la prise alimentaire, constate-t-elle.
Et si malgré ces mesures préventives, vous pensez que votre proche est dénutri, il est essentiel de consulter. Le médecin pourra, si nécessaire, prescrire des compléments nutritionnels oraux pour compléter les apports en protéines fournis par les repas.