Bien vieillir (prendre soin de soi)
"Dépendance", "maladie", "solitude"... comment la vieillesse est-elle perçue dans la société ?
A l’occasion d’un webinaire, le professeur en psychologie Stéphane Adam est revenu sur les différentes façons de percevoir la vieillesse dans notre société. Un regard souvent négatif et assez éloigné de la réalité qui a des conséquences nuisibles pour les personnes âgées. Explications.
“Expérience”, “sagesse” mais aussi "maladie", "dépendance", “fatigue”, “douleur”, “solitude”... voici les mots les plus fréquemment utilisés pour évoquer la vieillesse.
Cette étude menée par l’unité de psychologie de la sénescence et le service de gériatrie de l’université de Liège montre que les personnes âgées renvoient principalement une image négative.
Plus surprenant, la perception de la vieillesse semble encore plus éloignée de la réalité dans le secteur du soin que dans la population générale.
Le personnel soignant interrogé pour cette étude estime que près de 50 % des personnes âgées de 65 ans souffriraient de syndromes dépressifs alors que le grand public pensent que 25 % sont dépressives.
Des estimations très éloignées de la réalité puisque 11 % des plus de 65 ans souffrent de dépression précise Stéphane Adam lors de cette web-conférence organisée par le réseau belge Séquoia dédié aux plus de 50 ans, en collaboration avec le Conseil sur le vieillissement d'Ottawa.
Une vision négative qui n’est pas sans conséquence. “Ça génère des attitudes [néfastes] et c’est que l’on voit dans les statistiques de discrimination en Europe” poursuit le professeur en psychologie.
En effet, les plus de 55 ans sont principalement discriminées pour leur âge en Europe. “5 % des personnes âgées subissent de la discrimination liée à l’âge, c’est plus que le sexisme ou que le racisme” précise Stéphane Adam.
Quelles sont les raisons de cet âgisme ?
“On est dans des sociétés industrielles capitalistes où un vieux c’est un poids. Un poids économique, on entend tout le temps parler dans les médias de toutes ces personnes âgées à la retraite alors qu’il y a si peu d’actifs pour financer ces retraites et naturellement ça participe à une vision négative du vieillissement” décrypte Stéphane Adam.
La perception négative du vieillissement serait aussi lié à la vague démographique selon le professeur en psychologie : “la tendance lorsqu’on est face à une vague, c’est de la repousser en se demandant “comment a-t-on fait pour gérer ça ?”".
Autre cause : la médicalisation du vieillissement qui, depuis les années 70, a “engendré une assimilation entre vieillissement et maladie ou dépendance”.