Aller sur la navigation Aller au contenu principal Aller sur la recherche

Connaître vos droits

Contention : démêler le vrai du faux

Auteur Raphaëlle Murignieux

Temps de lecture 3 min

Date de publication 26/08/2024

0 commentaires

Le 31 juillet, une septuagénaire était retrouvée morte, attachée à son fauteuil, dans une résidence autonomie de Rosny-sous-Bois. Un événement tragique, qui vient montrer encore une fois la dangerosité de la contention, mais aussi la méconnaissance de la plupart des Français sur la question. Selon les informations recueillies par Le Parisien, c’est une auxiliaire de vie qui aurait attaché la victime à sa chaise avec une sangle vers midi, pour éviter qu’elle ne chute durant son déjeuner. Une professionnelle qui, légalement, n’a pas le droit de prendre une telle mesure.

Attacher mon proche permet de limiter les risques

Les professionnels comme les particuliers pensent trop souvent qu’attacher quelqu’un le protège. C’est ce qui s’est passé à Rosny-sous-Bois, et c’est la principale raison invoquée par les professionnels.

Selon une enquête menée en 2019 par la Société française de gériatrie et de gérontologie, 95 % des contentions posées en Ehpad vise à éviter un risque de chute.

Sauf qu’aucune étude ne montre que la sécurité d’un résident sous contention est supérieure à celle d’un résident non contenu.

Au contraire, souligne l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France, les chiffres disponibles indiquent que les établissements où la pratique de la contention est réduite n’enregistrent pas plus de chutes grave, mais qu’au contraire le risque de blessures consécutives à la chute d’un résident sous contention est supérieur à celui d’un résident non contenu et le taux de mortalité des résidents sous contention plus élevé que la normale.

La contention provoque aussi une aggravation de la perte de l'estime de soi. Sans parler des contentions médicamenteuses qui semblent calmer, mais augmentent les risques de désorientation, de chutes…

Pour éviter que mon proche ne tombe dans son sommeil, mieux vaut remonter les barrières du lit médicalisé

Non, puisque les barrières de lit constituent une forme de contention. Avec tous les risques, évoqués ci-dessus, que la contention implique.

Si l’infirmier pense que c’est nécessaire, il peut attacher mon proche

Si la contention n’est pas interdite en France, elle est cependant très réglementée. Ainsi, une mise sous contention doit être prescrite par un médecin, pour une durée de 24 heures (renouvelables) au maximum.

Avant de prendre cette décision, il doit chercher toutes les alternatives possibles avec les autres professionnels (psychologue, ergothérapeute…), en équipe pluridisciplinaire.

La contention doit être utilisée en dernier recours, et seulement « pour prévenir un dommage immédiat ou imminent », précise l’article 72 de la loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé.

Enfin, si elle est utilisée, les professionnels devront prévoir un plan de compensation, dans le but de compenser l'immobilisation et récupérer la station debout, la marche et aussi la confiance de la personne contrainte, attachée, dans ces professionnels et ces aidants.

Ni un infirmier, ni une auxiliaire de vie comme à Rosny-sous-Bois, ni aucun professionnel ne peut donc prendre la décision d’attacher une personne ou de poser une contention en dehors de ce cadre légal.

Si mon proche demande une mise sous contention, c’est son choix, il faut le respecter

Même si c’est lui qui la demande, les professionnels doivent respecter le cadre décrit ci-dessus : situation qui le nécessite, pas d’alternative possible, prescription effectuée par un médecin après analyse en équipe pluridisciplinaire et plan de compensation.

Fermer une porte à clef pour éviter que mon proche ne sorte et se perde, ça n’a rien à voir avec l’attacher

Comme les barrières de lit, fermer une porte à clef ou avec un code que le résident ne connaît pas constitue une contention.

« La décision d’appeler ou non un dispositif « contention » ne peut être prise uniquement en fonction de l’objet utilisé. Ce sont les conséquences sur le patient/résident de l’utilisation de cet objet qui déterminent que c’est une contention ou pas », explique l’ARS Ile-de-France.

Même chose pour les fauteuils à tablette que la personne n’est pas en mesure de relever, ou avec des marchepieds qui entravent la marche, les lits collés au mur ou trop bas pour que la personne puisse s’en lever seule, les grenouillères et autres « sécuridrap »…

Partager cet article