Comprendre les fragilités
Cartographie de la perte d’autonomie : de fortes disparités entre départements
Une note publiée par l’Institut des politiques publiques révèle de fortes disparités entre les besoins des plus âgés, mais aussi la façon dont les conseils départementaux y répondent.
Dans cette publication, l’économiste Amélie Carrère s’appuie à la fois sur des données administratives, à savoir les résultats des évaluations réalisées par les conseils départementaux pour attribuer l’allocation personnalisée d’autonomie ; mais aussi sur les résultats d’enquêtes qui interrogent les personnes âgées sur leurs difficultés.
Des écarts entre la perte d’autonomie estimée par enquête et évaluée par les départements
« Le double rôle d’évaluateur et de financeur de la perte d’autonomie du département, qui attribue l’APA sous budget contraint, peut l’inciter à minimiser les besoins mesurés pour tenter de contenir la dépense », pointe l’autrice de la note.
De fait, il existe parfois des écarts importants entre le degré de
perte d’autonomie évalué par le conseil départemental et celui qui
ressort des enquêtes. Ce dernier étant dans tous les départements sans
exception supérieur à celui retenu pour l’attribution de l’Apa.
Ce qui questionne « la capacité des départements à identifier les besoins réels des personnes âgées », souligne Amélie Carrère.
Par exemple, l’Aude a un GMP (Gir moyen pondéré) attribué de 109 points, ce qui correspond à un besoin moyen de 10,9 employés pour 100 personnes âgées) et un GMP estimé de 189 points (besoin moyen de 18,9 employés pour 100 personnes âgées).
Les écarts les plus importants sont constatés en Guyane et en Martinique.
Les Français inégaux face à la perte d’autonomie
Autre enseignement de la note, le caractère très hétérogène de la perte d’autonomie sur le territoire.
D’abord, certains départements comme l’Ile-de-France, la Haute-Savoie, la Normandie ou le Morbihan sont plus épargnés par la perte d’autonomie. Pour l’Ile-de-France, ces résultats s’expliquent, car nombre de personnes en perte d’autonomie intègrent des Ehpad extérieurs à la région, pour des questions de manque de place au regard des besoins et de coût élevé. Les résidents d'Ehpad étant pour la plupart bien moins autonomes que les personnes qui vivent à domicile, le niveau moyen de perte d'autonomie est mécaniquement revu à la baisse.
Ensuite, les difficultés ne sont pas les mêmes d’un département à l’autre : les départements du Centre et de l’Occitanie sont plus confrontés à des troubles cognitifs, le Nord de la France à des difficultés physiques, détaille Amélie Carrère.
Il existe aussi des différences en matière d’âge où survient la perte d’autonomie.
L’économiste note que les troubles précoces sont plus fréquents dans les départements caractérisés par une activité industrielle historiquement forte. Les troubles complexes (troubles cognitifs ou situations de cumul de limitations fonctionnelles ou de restrictions d’activité) se retrouvent quant à eux en plus grand nombre dans des départements plutôt ruraux où l’activité agricole est importante.