Etre aidant, être aidé
Aidants, bénévoles : que serait la société sans les « inactifs » ?
Ils sont des millions qui chaque jour prennent soin, accompagnent des personnes vulnérables. Un travail essentiel, qui n’est pourtant pas reconnu en tant que tel. Le rapport « Un boulot de dingue», publié la semaine dernière par le Secours catholique, met en lumière ces « contributions vitales pour la société » : celles des femmes au foyer, des bénévoles, des aidants.
« Notre système de protection et de reconnaissance a fait de l’emploi son unique clé de voûte. De lui dépend l’essentiel des cotisations et des protections. Comme si le reste n’avait pas d’importance. Comme si les 40 milliards d’heures annuelles de travail domestique (au moins autant que le travail rémunéré) et les 680 000 équivalents temps plein que représente le travail des bénévoles ne comptaient pas », s’indignent Véronique Devise, présidente du Secours Catholique, et Fabien Laperrière, président de l'association AequitaZ.
Ce rapport s’attache donc à montrer l’importance de ce travail, même s’il n’est pas reconnu en tant que tel.
« Dès que l’on s’intéresse à la vie des personnes et à leur quotidien, on prend conscience de bien d’autres formes d’activités et de contributions que celles réalisées dans le travail-emploi : on s’occupe de son conjoint malade, on élève ses enfants, on est dans des associations, on organise des événements, on cuisine un plat pour son voisin, on fait de l’aide aux devoirs pour les collégiens du quartier, on jardine au potager collectif… Chacun d’entre nous contribue au quotidien à prendre soin de soi et des autres, de la société et du vivant, dans des cadres privés, associatifs ou informels. »
Et ce dans des proportions de taille : en 2010, le travail domestique représentait 42 à 77 milliards d’heures, contre 38 milliards d’heures de travail rémunéré réalisées sur la même période. La France compte par ailleurs 9 à 11 millions d’aidants, et près de 13 millions de bénévoles, qui accomplissent eux aussi un véritable travail, qu’il conviendrait de reconnaître, écrivent les auteurs du rapport.
En ce sens, ils demandent :
- la mise en place d’un revenu minimum garanti, sans contrepartie,
- la reconnaissance de ces activités à travers des trimestres de retraite,
- un soutien matériel, assurantiel et financier : coût du transport, des petits achats, assurance spécifique…
- une reconnaissance symbolique,
- une rétribution financière pour expertise : indemnisation des bénévoles dans les travaux de participation citoyenne notamment,
- la valorisation des compétences et le droit à la formation.
Mais attention, soulignent-ils, à ne pas faire de ces contributions hors emploi une condition pour percevoir certaines aides ou allocations, à ne pas stigmatiser ceux qui ne peuvent pas contribuer ou à dévaloriser les métiers du Care et les services publics.
Une invitation à repenser le système dans son ensemble.
Consulter le rapport « Un boulot de dingue» - Reconnaître les contributions vitales à la société
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