Comprendre les fragilités
Age et addictions : des risques réels à ne pas sous-estimer
Alcool, tabac, médicaments, jeux… comme les autres, les personnes âgées sont concernées par les addictions. Quels sont les risques, et que faire face à ce constat ?
« Les consommations de substances psychoactives à 60 ans concernent essentiellement les substances psychoactives licites : alcool, médicaments psychotropes avec ou sans ordonnance et tabac », indique la Haute autorité de santé. Mais il existe malheureusement très peu d’enquêtes, d’études sur les addictions au grand âge. Notamment concernant les personnes qui résident en établissement.
Pourtant, et même si beaucoup de campagnes de prévention ciblent les adolescents et les jeunes adultes, les conduites addictives ne cessent pas après un certain âge. En 2013 déjà, le médecin suisse Laurent Cohen parlait « d’épidémie invisible ».
Un vrai fléau, d’autant que les risques augmentent avec l’âge. Concernant l’alcool par exemple, le corps est moins à même de l’éliminer, et les conséquences d’une alcoolisation massive ou régulière peuvent être particulièrement néfastes.
« L’alcoolémie est plus élevée que chez les personnes plus jeunes et elle baisse plus lentement. Ces alcoolémies élevées peuvent entraîner un état d’ivresse avec confusion mentale, chutes, troubles du comportement ou troubles cognitifs », explique Alcool info service.
Les recommandations en matière de consommation sont donc différentes après 65 ans : pas plus d’un verre par jour et des jours sans consommation dans la semaine pour les consommateurs quotidiens ; et pas plus de 2 verres par occasion, pas plus de 7 verres dans la semaine et au moins 2 jours sans consommation chaque semaine pour les consommateurs occasionnels.
Pour le tabac, si la proportion de personnes âgées de 65 à 75 ans est relativement faible (9 % pour les femmes, 10,4 % chez les hommes), ce sont pourtant les plus âgés qui subissent principalement les méfaits du tabac. 70 % des décès attribuables au tabac surviennent chez les plus de 60 ans, rappelle ainsi Santé publique France.
Pour les médicaments, les conséquences du mésusage et de la surmédication sont bien connus, en particulier chez les seniors. Quant à l’addiction aux jeux de hasard et d’argent, elle expose les plus vulnérables à une aggravation de leurs difficultés économiques, une perte d’autonomie financière.
Face à ces constats, la Mutualité sociale agricole a développé une action de prévention en direction des personnes âgées et de leurs aidants.
Le parcours Phare (prévenir avec harmonie les addictions pour réussir ensemble) est composé de trois ateliers gratuits, qui ont pour but d’aider les participants à comprendre les mécanismes et les effets de l’addiction et ainsi cultiver leur capacité d’agir sur leur santé et conseiller leur entourage.
Pour 2023, une à deux sessions doivent être programmées dans chaque département français. Elles sont organisées par les Asept, les associations de santé, d’éducation et de prévention sur les territoires, de la MSA.
Pour connaître les prochaines dates et s’inscrire, il convient de consulter le site de l’Asept la plus proche.
Face aux addictions, il est aussi possible de se faire aider par son médecin traitant, ou de se tourner vers les organismes spécialisés, comme Alcool info service au 0 980 980 930 ou en ligne, Tabac info service (en ligne ou au 3989) ou encore Joueurs info service (en ligne ou au 0 974 75 13 13).