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Trouver son lieu de vie

Accueil familial « à l’agonie » : vers la fin de cette solution d’hébergement ?

Auteur Raphaëlle Murignieux

Temps de lecture 3 min

Date de publication 21/05/2024

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Le 24 avril, l’association France accueil familial adressait un courrier à la ministre déléguée chargée des Personnes âgées et handicapées, Fadila Khattabi, pour l’alerter sur « la situation catastrophique » de l’accueil familial, qui « se meurt dans l’indifférence totale ». Depuis, l’association a aussi mis en ligne une pétition, qui a recueilli 1650 signatures ce lundi. Que se passe-t-il exactement ? L’accueil familial est-il réellement condamné à disparaître ?

Sur le papier, l’accueil familial a tout pour plaire : les personnes âgées ou handicapées qui ne peuvent plus vivre seules chez elles partagent le logement d’un accueillant agréé, bénéficiant d’une chambre privative mais surtout d’un cadre de vie convivial et chaleureux, le tout pour une facture mensuelle moitié moins élevée que celle d’un Ehpad, une fois les aides financières déduites.

Mais la réalité de l’accueil familial est bien plus difficile. Les accueillants n’ont pas de convention collective ni syndicats, puisqu’ils sont en dehors du champ du droit du travail, explique Olivier Kornprobst, président de l’association Famidac, qui compte environ 3 000 adhérents.

Ils ne touchent pas non plus d’indemnités lorsqu’une des personnes accueillies (jusqu’à trois par accueillant) s’en va, avec un salaire peu élevé : 29,12 euros par jour (au 1ᵉʳ mai 2024), auquel il faut ajouter différentes indemnités (congés payés, entretien et logement), pour une facture mensuelle comprise entre 1500 et 1800 euros.

Conséquence : des conditions de travail difficiles, qui entraînent une véritable crise des vocations. Les accueillants partent à la retraite, mais personne ne les remplace. Et la démographie ne joue pas en la faveur de l’accueil familial.

« Leur moyenne d’âge est supérieure à 60 ans », précise Olivier Kornprobst. Fabien Hénaut, directeur général chez CetteFamille, pointe par ailleurs que devenir accueillant nécessite un bien immobilier suffisamment grand, dans la mesure où il n’est pas rentable d’accueillir une seule personne. « Aujourd’hui, c’est difficile pour des jeunes de trouver un lieu qui convient ».

Les acteurs de l’accueil familial déplorent également que certaines avancées pour l’accueil familial inscrites dans la loi d’adaptation de la société au vieillissement en 2015 n’aient toujours pas été concrétisées, faute de décrets d’application (actualisation des contrats type, projet d’accueil personnalisé, formulaire uniformisé de demande d’agrément…).

Mais aussi des conditions d’exercice très disparates d’un département à l’autre, selon le bon vouloir du conseil départemental.

Tous partagent donc le constat de France accueil familial : ce mode d’accueil est aujourd’hui en grande difficulté. Pour Fabien Hénaut, il pourrait même disparaître. En tout cas, « il est illusoire de croire que l’on pourra accueillir 100 000 personnes demain, que l’offre de places va devenir significative ». C’est pourquoi l’entreprise a préféré miser sur le développement de maisons partagées pour seniors, même si elle accompagne toujours 5 000 accueillants familiaux.

De son côté, Olivier Kornprobst continue de travailler avec les parlementaires, le ministère, la direction générale de la cohésion sociale… pour tenter de faire avancer le sujet.

Parmi les revendications de Famidac, la parution des textes attendus depuis 2015, mais aussi le droit aux allocations chômage pour les accueillants et leurs remplaçants ; un statut commun à tous les accueillants familiaux ou encore la mise en place d’une formation qualifiante et diplômante, comme celle des assistants familiaux.

France accueil familial a pour sa part choisi une approche plus radicale : si l’association n’obtient pas de réponse des pouvoirs publics d’ici fin mai, l’une de ses adhérentes du Nord, Thérèse Bauwens, 72 ans, menace d’entamer une grève de la faim.

Une approche dont se désolidarisent Famidac comme CetteFamille.

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