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Comprendre les fragilités

A lire : Papi Mariole, de Benoît Philippon

Auteur Raphaëlle Murignieux

Temps de lecture 1 min

Date de publication 02/09/2024

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Après l’irrévérencieuse Mamie Luger, Benoît Philippon place à nouveau la vieillesse au premier plan dans Papi mariole, un roman à la fois doux et sombre, qui met en scène Augustin Rochemore, tueur à gages malade d’Alzheimer, et sa comparse Mathilde, une jeune femme désespérée.

Heureux soient les fêlés, car ils laissent passer la lumière. Heureux, Mathilde et Mariole ne le sont certainement pas. Cabossés, fissurés, abîmés en revanche, sans aucun doute.

Augustin Rochemore, aka Mariole, son surnom professionnel, par la maladie. Mais pas seulement. Mathilde, par la vie, de la négligence de ses parents aux abus des hommes, d’une violence inouïe.

Résolument féministe, l’auteur dénonce à nouveau, dans cette fausse suite de Mamie Luger, les violences faites aux femmes, la domination exercée par les hommes.

Car malgré son titre, l’intrigue tourne tout autant, voir plus, autour de l’histoire de Mathilde. Prête à mettre fin à ses jours après qu’un amant diffuse sur la toile leurs ébats humiliants, après une tentative de viol, la jeune femme tombe sur Mariole, qui vient de s’enfuir de son Ehpad.

En dépit de la maladie, il sait qu’il a une dernière mission à accomplir, mais laquelle ? En quête de ses souvenirs, il espère réveiller sa mémoire. Tous deux s’embarquent alors dans une improbable odyssée, accompagnés de Madame Chonchon, la truie de compagnie du vieux tueur.

Au gré des rencontres, au fil de leurs péripéties, leur destination se dessine peu à peu. Une destination réjouissante mais aussi terrible : malgré l’humour distillé au fil des pages, malgré ses dialogues ciselés, le roman est sombre, très sombre, et donne à voir l’horreur. Mais aussi la vengeance et la rédemption.

S’il faut parfois avoir le cœur bien accroché, notamment pour les lectrices, Papi Mariole n’en reste pas moins une lecture jubilatoire.

Papi Mariole
Benoît Philippon
Albin Michel
363 pages
19,90 euros

A lire aussi : Mamie Luger, de Benoît Philippon

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