Bien vieillir (prendre soin de soi)
Journée de solidarité : stop à la stratégie du pansement
Souvenons-nous : la journée de solidarité est née du traumatisme des 15 000 morts de la canicule de 2003.
Les Français ont compris alors que notre système de santé et de protection sociale n'était pas adapté aux conséquences du vieillissement.
Bon an, mal an, ils ont accepté cette drôle de recette : ce jour férié travaillé et non rémunéré (qui ne touche pas les professions libérales par exemple : drôle de vision de la solidarité). Les retraités ont été récemment mis à contribution avec la Casa.
Une caisse nationale dédiée aux personnes âgées et handicapées a été créée à cet effet, la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie).
10 ans plus tard, que constate-t-on ?
Les personnes âgées et leurs proches ont pris conscience des enjeux. Prévenir les dommages liés au vieillissement n'est plus tabou. Mais les coûts des services d'aides restent inaccessibles et la maladie d'Alzheimer continue de terrifier. Les messages d'espoir des approches non-médicamenteuses (par exemple) restent mal connus. Vieillir demeure synonyme de déficiences et non d'énergies à mobiliser pour cette nouvelle étape de la vie.
Les professionnels ont été (un peu) renforcés, (mieux) formés, (parfois) outillés (plans canicule, climatiseurs...) mais ils restent insuffisants en nombre au regard de besoins qui ne peuvent et ne doivent pas se réduire à une aide au ménage (adapter le logement, communiquer...). La vision du vieillissement demeure désespérement une vision du déficit, quelque chose qui relève obligatoirement de la médecine. Les dotations soin sont calculées selon les besoins en soin, si l'autonomie des personnes s'améliore (grâce à la qualité du prendre soin), les services perdent des crédits !
Les collectivités locales, les mairies tirent la sonnette d'alarme car l'Etat ne compense pas les déficits engendrés par la croissance des allocations de solidarité comme l'APA.
Cette "journée de solidarité", peu lisible, est bien destinée aux personnes âgées rassure notre ministre Michèle Delaunay.
Elle va être en première ligne dans les mois à venir avec son projet de loi, sa réforme de l'aide à l'autonomie.
L'enjeu est de taille, il nécessitera des révisions profondes (gouvernance, évaluation des capacités versus les incapacités, identification de guichet d'information, d'évaluation, d'orientation) et la mobilisation de 5 à 8 milliards d'euros (ce qui n'est pas insurmontable).
Mais on ne pourra se satisfaire d'une nouvelle "journée de solidarité". Halte à la stratégie du pansement !