Bien vieillir (prendre soin de soi)
Meilleurs vieux
Petit clin d'oeil en ce début d'année 2013.
Notre rédaction a choisi les photos des "80 ans de ma mère" de Sylvie Roche (Théâtre Eprouvette) pour partager avec vous un brin d'humour, de fantaisie, de légèreté et de regards décalés sur le vieillissement.
Les mots "vieux" et "vieille" restent certes tabous et difficiles à prononcer, mais en 2012, nous les avons entendus au théâtre (Salut mon vieux !, Le père, "Madame reinette"), au cinéma (Le sens de l'âge, Et si on vivait tous ensemble, Amour, Les invisibles) , à la télévision avec La minute vieille sur Arte, ou l'épisode Bref je suis vieille). Les artistes aident à changer le regard que la société porte sur ses vieux (pour oser rire sur et avec eux !)
La disette budgétaire, la montée du chômage... ne facilitent pas l'élargissement de l'aide professionnelle aux aidants, la croissance d'une"Silver ou senior économie", la généralisation des "Gérontechnologies", une meilleure formation et des salaires décents pour les métiers du grand âge. Les actions de prévention des chutes, de la fragilité ont prouvé leur efficacité, mais elles demandent elles-aussi des investissements.
Les départements ne peuvent plus financer l'APA (Allocation personnalisée d'autonomie) à côté de l'Etat. Les retraites ne permettent pas de financer les tarifs des maisons de retraite et ni des services à domicile continus. Les aidants familiaux s'épuisent. Et les professionnels alertent sur les asphyxies budgétaires, les injonctions contradictoires (plus de sécurité et de liberté, plus de qualité sans moyens adaptés). Le "burn out" s'installe. Les situations à risque de maltraitance perdurent.
Notre société n'a pas encore imaginé la place des très âgés à côté des quatre générations qui les précèdent. Des associations comme Alertes 38 ou Old Up" poussent les plus de 80 ans à se bouger, les Babayagas inventent leur maison de retraite.
Les habitats, les services, les financements s'adaptent ici et là, mais collectivement nous n'avons pas encore digéré cette révolution de la longévité (et ses impacts sur la retraite, l'aide à l'autonomie, la santé).
Dès que l'on parle de services aux très vielles personnes, fragilisées, malades, handicapées, les mots s'alourdissent (du soin, à l'aide, à l'assistance ou la prise en charge), le regard devient compassionnel, les familles sont culpabilisées. Les négligences, les maltraitances, les soins de force, sont encore trop tolérés.
Une société pour tous les âges ne se décrète pas.
Elle bouscule la vision de notre propre vie, les solidarités inter-générationnelles, les organisations familiales, mais aussi la qualité des filières professionnelles, de proximité (vers un guichet d'entrée identifié, des "labels qualité" lisibles et des moyens correspondants) pour éviter les épuisements, les recours aux urgences, la surmédication...
La réalité budgétaire de notre pays ne laisse pas de place à la démagogie mais des investissements et une réorganisation de notre secteur restent impératifs.
Créativité, énergie et audace.
Mes trois voeux pour cette nouvelle année 2013 !