Un papy-boom dans les prisons
Le nombre des 60 ans et plus a été multiplié par cinq
En moins de vingt ans, la part des plus de 60 ans a quintuplé dans les prisons françaises. Tel est le constat de Florent Peeren Etudiant à l'Institut d'études politiques de Grenoble, qui publiait le 29 aout dernier, une chronique sur le sujet dans le quotidien Libération. Il s’agit selon lui d’un « signe avant-coureur de condamnations de criminels du troisième âge ».
« Au 1er janvier 1990, 449 personnes âgées de 60 ans et plus se trouvaient derrière les barreaux. Au 1er janvier 2012, on en recensait 2 565, soit 3,5% des personnes écrouées ». Ces détenus sont à 95% des hommes. On dénombre « trois fois plus de vieillards sous les verrous que de mineurs ».
Selon Florent Peeren, le vieillissement de la population carcérale ne serait pas la conséquence du vieillissement de la population française, ou de la crise économique. « L'analyse des motifs de condamnations à des peines de prison ferme est sans équivoque : près de la moitié des personnes âgées incarcérées dans un établissement pour peine le sont pour des crimes et délits à caractère sexuel. En 2010, les 60 ans et plus ont été jugés responsables de 51 crimes, dont 31 viols et attentats à la pudeur, et de 363 atteintes ou agressions sexuelles ». Sur la centaine de femmes écrouées, « un tiers l'est pour homicide ».
Pour l’auteur, les motifs d'incarcération justifient pleinement l'action de la justice ». En revanche, « une réflexion sur l'adaptation des prisons à ce nouveau public est nécessaire. Avec leurs innombrables escaliers et leurs longues coursives, les prisons françaises n'ont pas été prévues pour accueillir des personnes diminuées physiquement, et ce quel que soit leur âge. Dans le milieu carcéral plus qu'ailleurs, il n'est pas de bon ton d'être considéré comme un «pointeur», à savoir un délinquant sexuel. Au sein d'une prison surpeuplée, la solidarité intergénérationnelle n'est pas le maître mot ».