Comprendre les fragilités
Maurice Bonnet, le militant pour l'autonomie, nous a quittés
Hommage d’Agevillage
Les hommages de sa famille, de ses proches, de ses amis, des personnalités politiques, professionnelles, étaient unanimes ce 25 mai aux obsèques de Maurice Bonnet, 87 ans, à Grenoble.
Jusqu'au bout, Maurice nous aura montré que les combats pour les droits de l'homme, notamment âgé, fragilisé, handicapé, ne sont ni vains, ni acquis.
Tout jeune résistant, issu d'un milieu social ouvrier, il a gravi petit à petit les échelons sociaux, brandissant fièrement son diplôme d'HEC (Hautes études communales).
Ouvrier, militant syndical, responsable de caisse de retraite, il a lancé des études sur la vie des plus âgés et montré les besoins en terme de défense de leur citoyenneté, de professionnalisation des services d'aides et de soins. Viscéralement opposé aux attitudes charitables et compassionnelles, Maurice Bonnet fut l'un des pionniers des politiques gérontologiques innovantes sur Grenoble. Il devint président d'associations de services à domicile professionnelles (UNASSAD devenu UNA), vice-président du CNRPA (comité national des retraités et personnes âgées) et rapporteur au Conseil économique et social (devenu CESE), à 75 ans.
Je l'ai rencontré en 1994 lorsqu'il présidait le CNRPA, dans sa bataille contre la PSD (livre noir) vers l'APA (livre blanc) "qui n'était pas un vrai 5eme risque autonomie", regrettera-t-il, jusqu'au bout.
Toujours élégant, souriant, malicieux, mais aussi volontiers moqueur et provocateur, Maurice Bonnet aimait échanger, écouter et pousser les initiatives qui bousculent les idées reçues. Il était ainsi contre les "conseils des sages", car il ne voulait surtout pas être considéré comme un "vieux sage", mais "vieux indigne et fier de l'être avec les pas encore vieux qui le deviendront fièrement !" comme lui écrit Geneviève Laroque, de la FNG.
Comme elle, il m'a personnellement toujours soutenue
> dans le délire des "Dimanches savoureux" qui osaient proposer de faire la fête et d'ouvrir les maisons de retraite, le même jour, pour changer leur image aux yeux du public.
> dans le lancement d'Agevillage.com, premier média Internet sur le grand âge en 2000. En 2004 il a mobilisé la presse, les acteurs publics, pour son rapport au CES "Pour une prestation Handicap-Incapacité-Dépendance" prémice d'un potentiel 5ème risque
> face aux discours politiques et aux campagnes électorales qui oubliaient les enjeux du vieillissement, autour du Collectif "une société pour tous les âges"
> dans sa découverte parmi les approches non-médicamenteuses de la maladie d'Alzheimer de l'Humanitude, qui lui arrachait les larmes. "L'Humanitude secoue les idées reçues, me disait-il. On peut donc être vieux et très malade et malgré tout vivre debout jusqu'au bout. Encore faut-il batailler pour que l'approche et ses techniques soient connues, appliquées". Ce message d'espoir, il a tenu à le soutenir jusqu'au bout de ses forces, venant secouer l'assemblée des 900 professionnels lors de notre dernier colloque en novembre dernier à Versailles.
Merci Maurice pour ton attitude positive, dynamique, optimiste, digne, secouant les "conventions" allant à l'encontre de la liberté, de la fraternité, de la solidarité.
Merci Maurice de n'avoir jamais baissé les bras et nous avoir montré que la guerre n'est jamais gagnée contre les discriminations liées à l'âge.
Merci Maurice, tu as été un homme debout, jusqu'au bout. Ta vie nous sert d'exemple. Tu nous manques déjà.
A nous de poursuivre tes combats.
Je cite ici Geneviève Laroque " A sa compagne, à ses enfants, vont nos pensées tristes, amicales, fidèles : ils ont eu la chance de vivre près d'un vrai héros de notre temps, solide, modeste pour lui, ambitieux pour nous.
Au revoir Maurice !"
Hommage de Geneviève Laroque à Maurice Bonnet
Maurice était un ami, était un exemple (pas un modèle, il était trop unique pour cela)
Maurice était le cœur et l'intelligence. L'intelligence de celui qui a appris pendant toute sa vie parce qu'il savait que pour agir il faut savoir mais aussi parce qu'il savait que pour penser il faut agir. Maurice avait agi toute sa vie pour le mieux des hommes, pour la liberté appuyée sur la fraternité sources de l'égalité. Il avait bâti des organisations d'aide et de soutien aux plus fragiles, pas dans la compassion, dans le respect égal de ceux qui apportent et de ceux qui reçoivent ils échangent. Maurice s'est battu toute sa vie pour faire passer cette conception très haute des hommes, de leur intelligence, de leur volonté d'avancer mais aussi de chacun, y compris faible, y compris handicapé, fondement de cette solidarité incassable, abrupte, exigeante mais aussi affectueuse sans honte de la tendresse.
Maurice et moi, dans des actions communes, étions les anciens, les aînés, les vieux indignes et fiers de l'être.
Je me sens un peu seule, Maurice sans ton appui, ta stimulation. On essaiera d'être longtemps des vieux indignes et fiers de l'être avec les pas encore vieux qui le deviendront fièrement!
A sa compagne, à ses enfants, vont nos pensées tristes, amicales, fidèles : ils ont eu la chance de vivre près d'un vrai héros de notre temps, solide, modeste pour lui, ambitieux pour nous.
Au revoir Maurice!
Geneviève Laroque
Message des Ministres Mesdames Touraine et Delaunay pour les obsèques de Maurice Bonnet
Michèle Delaunay, Ministre déléguée chargée des personnes âgées et de la dépendance
André Flageul de l’UNA, les Ainés Ruraux, Janine Dujay – Blaret, Pascal Champvert de l’Ad-PA … hommages à Maurice Bonnet de membres du Collectif “Une société pour tous les âges”
Maurice, tu nous as quittés. Nous éprouvons une grande tristesse. Mais tu nous as laissés un tel héritage que tu vas rester longtemps parmi nous.
Si un jour « dans ce pays » (ton expression coutumière), une loi du 5ème risque voit le jour, nous saurons à qui nous le devons. Visionnaire tu étais, puisque dès 1987 à l’UNA avec ton ami Georges Malo, tu revendiquais la mise en place d’un risque de sécurité sociale pour répondre aux besoins des personnes âgées.
Je ne retracerai pas ici tout ton parcours, de l’ouvrier militant au rapporteur éminent du Conseil Economique et Social en passant par la Présidence de l’UNASSAD et la vice Présidence du CNRPA. Tes travaux sont à notre disposition et je voudrais aujourd’hui reprendre tes convictions.
Ta conviction première était de considérer qu’il n’y a pas de fatalité aux problèmes, aux situations-problèmes que nos concitoyens rencontrent dans leur parcours de vie. A la fatalité tu opposais en permanence :
- La force du savoir et de l’analyse
- La force de l’action (le savoir qui est indispensable à l’Action et l’Agir qui nourrit le savoir)
- La force du collectif, le travail en équipe
- La force de l’engagement dans la durée, la ténacité.
La clé de voûte de ta pensée était la reconnaissance de la place des personnes en difficulté, le respect de l’autonomie étant la condition première de l’exercice de leur citoyenneté et du maintien de leur dignité.
Tu as mis tout cela en application lors de ta présidence de l’UNASSAD. D’un syndicat employeur (tu as été un des artisans de la convention collective 83), tu en as fait un mouvement revendiquant sa participation à la construction des politiques publiques, et des entreprises de l’économie sociale capables d’articuler pratiques militantes et expertises professionnelles.
J’essaie encore aujourd’hui de poursuivre ton œuvre, moi à qui tu as mis à plusieurs reprises le pied à l’étrier.
Chacun dans sa vie fait des rencontres déterminantes qui vous construisent, qui vous grandissent, qui vous « boostent ». Ma rencontre avec Maurice appartient à cette catégorie. Nous avons mis du temps à nous trouver, à nous reconnaître… Attirance, méfiance réciproque ?
J’étais séduit par ton charisme et je le craignais. Tu n’aimais pas trop les intellos psychos auxquels tu m’assimilais rapidement. Une fois dépassées les premières représentations, nous nous sommes vraiment trouvés et quel parcours commun fait de connivences, mais aussi de différences, voire de tiraillements.
(Ah les piques amères de Maurice !).
De cette rencontre militante et professionnelle est née une amitié avec toi et aussi avec ta compagne Maryse. Et alors se sont succédés les moments d’échange, de ballades, de fête (l’humour de Maurice !) et aussi d’entraide dans les coups durs. Je me revois, je nous revois quelques années en arrière. J’étais en convalescence d’un gros problème de santé. Tu étais venu passer deux jours en tête-à-tête avec moi dans ma maison de montagne. Mon jardin du ciel t’avait définitivement convaincu que je n’étais pas qu’un intello !
Pendant ces deux jours, nous nous sommes tout dit de nos accords, de nos désaccords et nous avons fait une compétition de cuisine… un expert extérieur aurait été présent, tu aurais gagné.
C’est dur de te perdre Maurice, toi qui brandissait ton diplôme de HEC (Hautes Etudes Communales), tu auras été malgré tes déclarations un vrai intellectuel. Tu en avais la qualité première : la pensée critique, sur les systèmes, les organisations, les institutions et sur toi-même.
Pour moi, tu seras toujours l’exemple qui montre et qui démontre qu’un individu quelle que soit son origine, peut être créateur et porteur d’histoire.
Te rendre hommage c’est continuer ton combat, c’est ce que nous allons tous faire.
André Flageul, président de l'UNA
----------------------------
Le président Gérard Vilain, Janine Dujay Blaret, et le conseil d’administration des Aînés ruraux – Fédération nationale s’associent à la peine de la famille et des amis de Maurice Bonnet. Il a joué un rôle moteur dans la reconnaissance des problématiques liées au vieillissement et à la perte d’autonomie, notamment lors de son passage à la vice-présidence du CNRPA. Son action ne sera pas oubliée et son souvenir sera un puissant moteur pour continuer à travailler dans les directions qu’il avait défrichées.Nos pensées pour lui et ses proches
Les Aînés Ruraux - Fédération nationale, Maguy Bouhin,déléguée générale-----------------------------
Nous perdons un ami fidèle, capable de soutenir avec force ce qu’il savait être bon non seulement pour les personnes âgées mais pour toute personne en souffrance .
Je compatis à la peine de sa famille et suis avec eux par la pensée.
Janine Dujay – Blaret
-----------------------------
Maurice nous a quittés.
C’est une grande perte pour les siens auxquels nous pensons chaleureusement.
C’est une grande perte pour les personnes âgées et tous ceux qui les aident au quotidien quand elles sont fragilisées, car Maurice était un infatigable militant de la cause des anciens.
Une grande perte pour nous, car nous avons perdu un ami, et plus que cela une voix, un repère, un phare.
Maurice nous avait dit un jour que nous étions les soldats de l’aide aux personnes âgées. Lui, était notre Général.
Nous sommes aujourd’hui orphelins, mais nous continuons l’action, car son énergie et sa générosité sont toujours là pour nous aider.
Salut l’Ami
Salut l’Artiste
Merci à toi
Pour l’AD-PA, Pascal CHAMPVERT, président
----------------------------
Oui, Maurice était un ami, un exemple, un héros des temps modernes et il nous manque déjà !
Françoise TOURSIERE, Directeur FNADEPA, Fédération Nationale des Directeurs d'Etablissements et services pour Personnes Agées
----------------------------
Merci d'apporter mes pensées et ma peine sur le dernier chemin de Maurice. Auprès de lui pendant quelques années au Comité national des retraités et de personnes âgées ainsi qu'au Conseil d'administration de la CNAVTS j'ai admiré son engagement total à améliorer la vie des femmes et des hommes sur le chemin de l'âge. On sentait cette volonté très ancienne prise avec les formations de jeunesse de l'époque.
Sa conduite mérite largement d'être suivie.
Mes prières le suivront.
Paul Maloisel
Hommages du Collectif “Pour un vrai 5ème risque” à Maurice Bonnet
Chers amis,
Maurice nous laissera le souvenir d'un serviteur de la République, tenace en ses convictions, et militant jusqu'à s’excuser de n'avoir pas pu participer davantage à nos travaux.
Au nom de notre collectif, rendons lui hommage par une pensée affectueuse et davantage.
Bien amicalement
José Gongora
-------------------
Maurice est resté un homme-debout toute sa vie. J’avais été touché quand il m’avait dit qu’il ne suffisait de résister mais qu’il fallait militer, aussi. J’espère pouvoir être digne de ses leçons.
Mes amitiés à sa compagne
Jean-Michel Caudron