Comprendre les fragilités
Dépendance, handicap... le retour
La campagne électorale a été l'occasion pour de nombreux acteurs de l'économie sociale, des fédérations de personnes âgées, de malades, de familles, de professionnels de la gérontologie, du handicap, de collectifs (Une société pour tous les âges; Pour un vrai 5ème risque) etc de faire part de leurs constats et leurs demandes aux candidats (Voir notre dossier Agevillage Présidentielle 2012).
Parmi les revendications, j'en retiens trois :
- Stopper la discrimination liée à l'âge dans notre pays concernant l'aide à l'autonomie (Avant 60 ans, si un handicap survient, vous devenez une personne handicapée qui peut prétendre à la PCH - Prestation de compensation du handicap; si le même handicap survient après 60 ans, vous êtes une personne "dépendante" et pouvez bénéficier de l'APA - Allocation personnalisée d'autonomie). Nous vivons en société, nous sommes donc tous inter-dépendants. Pourquoi appeler "dépendantes" les personnes âgées fragilisées ?
- Répondre aux urgences : épuisements des aidants (professionnels et non-professionnels), restes à charge trop lourds pour financer les services à domicile, les établissements d'accueil, asphyxie des financeurs dont les départements, des services (dont les services à domicile),
- Préparer l'avenir avec une réforme en profondeur de la gouvernance du système de l'aide à l'autonomie : de l'évaluation des attentes et besoin, à la filière de prendre soin labellisée, en passant par un référent professionnel au sein de guichets uniques (maisons de l'autonomie).
Le nouveau président de la République concrétise ses engagements dans le domaine par la création d'un grand ministère aux objectifs ambitieux, celui des Affaires sociales et de la Santé, confié à Marisol Touraine (qui dirigeait le pôle "Social, Santé Handicap, Personnes âgées" du candidat).
Elle sera soutenue dans ses projets par trois ministres déléguées :
- Michèle Delaunay, chargée des Personnes âgées et de la dépendance.
- Dominique Bertinotti, chargée de la Famille.
- Marie-Arlette Carlotti, chargée des Personnes handicapées.
Questions
Pourquoi avoir séparé les enjeux des "personnes âgées et de la dépendance" avec ceux des "personnes handicapées" ?
Pourquoi confondre personnes âgées et "dépendance" ? Des millions de personnes dites âgées vivent à nos côtés, avec leur "pluri-mini-handicap", soit 8 octogénaires sur 10 !
Et pourquoi avoir choisi ce terme "dépendance" ?
"Mal nommer les choses c'est ajouter du malheur au monde" disait Albert Camus.
Les constats, les urgences, les attentes sont déjà très lourdes concernant l'aide à l'autonomie de toute personne quel que soit son âge.
Alors personnes handicapées, âgées, tous intouchables ?
Et si l'engagée Michèle Delaunay trouvait bientôt un nouveau nom à son ministère !