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Décryptage des tarifs des maisons de retraite
Le "business des maisons de retraite" est à nouveau pointé du doigt via deux émissions de télévision en ce début décembre : Capital sur M6 et Enquête de santé sur France 5 (auquel la rédaction d'Agevillage a été associée dans le chat qui a suivi). Les tarifs des maisons de retraite font peur : 2 200 euros en moyenne selon une étude de l'IGAS (Inspection générale des affaires sociale) alors que les moyennes des retraite ne suivent pas et que la qualité du "prendre soin" ne semble pas liée au prix payé par le résident et sa famille.
Pour mémoire, les tarifs des maisons de retraite sont décomposés en trois tarifs
- le tarif "Hébergement" : de 50 euros/jour dans les établissements les moins chers (publics, associatifs) à 100 euros/jour voire plus (dans les établissements privés commerciaux, qui ont ciblé une clientèle plus aisée)
- le tarif dit "Dépendance" qui se calcule selon la grille AGGIR : les tarifs des "Gir 5 et 6" sont à la charge du résident, les autres Gir sont financés par les départements soit de 5 à 15 euros/jour selon les conseils généraux.
- le tarif Soin est financé par l'Assurance Maladie. Il finance tout ou partie du personnel soignant, des médicaments, des dispositifs médicaux.
Sa dotation est maintenant calculée à partir des "besoins en soin des résidents" via la grille "Pathos".
Les professionnels savent que pour un même besoin en soins, certains établissements sont historiquement mieux dotés que les autres, sans que la qualité du prendre soin ne soit formellement démontrée.
Mais pour une famille comment comprendre qu'un établissement privé "haut de gamme" (et cher) n'ait pas les dotations publiques suffisantes pour les soins et donc une équipe soignante débordée, et un prendre soin peu satisfaisant.
A l'inverse un établissement public à l'hôtellerie médiocre (mais au tarif Hébergement plus abordable pour le résident), peut au final couter plus cher à la collectivité parce qu'il est mieux doté en soins et en dépendance par les pouvoirs publics.
Certaines collectivités font place aux différents modèles: publics (majoritaire), associatif (30% des places), privés commerciaux (20%).
D'autres comme les départements des Landes, de l'Essonne, choisissent de mobiliser les budgets publics, les terrains des communes, pour déployer une offre plus abordable pour les résidents... Mais jusqu'a quand, compte tenu des tensions financières ?
Il est vrai que les chiffres de groupes côtés en bourse donnent le tournis avec leurs "Ebitda" (chiffre d'affaire avant intérêts des emprunts, amortissement des investissements, impôt et taxes) à deux chiffres. Les principaux actionnaires des groupes de maisons de retraite possèdent terrains, immeubles et font partie des 500 plus grandes fortunes de France selon le magazine Challenge.
Mais un opérateur comme Le Noble Age relativise. Il estime qu'"à conditions égales, il n'y a aucune raison que le privé soit plus cher que le public".
Il nous ouvre ses comptes : pour un tarif Hébergement de 80 euros (à la charge du résident et de ses proches), il consacre 26,39 euros aux personnels de la section hébergement; 24,69 € aux loyers et équipement; 9,76 € aux achats (restauration), services généraux et énergie; 9,43 € aux impôts et taxes, 5, 54 € à l'entretien, la maintenance, les amortissements et frais financiers. Reste 4,19 euros de marge nette. Loin des résultats à deux chiffres.
Alors qui croire ? Que penser ?
Les personnes qui doivent entrer en établissement d'accueil spécialisé sont pénalisées par ces "restes à charge" trop élévés.
Elles attendent de finir leur vie dans un environnement sécurisé et confortable mais surtout accompagné par un personnel qualifié, compétent et en nombre suffisant. Dès aujourd'hui elles peuvent donner leur avis sur la qualité de leur maison de retraite.
Demain elle exigeront des repères qualité opposables, quel que soit le statut et le mode de financement de la maison de retraite.
Les besoins sont là et le système est dans l'impasse. Les acteurs privés (et leur tarifs élevés) tout comme les acteurs publics et associatifs (qui doivent réinvestir) se retournent chacun vers les pouvoirs publics en faisant état de leurs problèmes.
Ils sont d'accord pour affirmer qu'une réforme globale s'impose (un vrai 5ème risque ?).
Elle ne sera pas facile au vue de la crise des finances publiques.
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